Outre les associations spécialisées, les questions de filiation et d’assistance médicale à la procréation sont aujourd’hui majoritairement portées par les collectifs et associations lesbiens. Ce n’est pas un hasard ou le fruit d’un instinct quelconque : c’est la conséquence logique d’une promesse non tenue...
Cette promesse du candidat Hollande – ouvrir à tous les couples, donc aussi aux couples lesbiens, l’accès à la procréation médicalement assistée (PMA), toujours réservée aux couples hétérosexuels –, on sait ce qu’il en est advenu. Mais les lesbiennes – et les bisexuelles – ne lâchent pas l’affaire. La mobilisation autour de la revendication de la PMA est d’ailleurs exemplaire, et devrait nous inspirer pour bien des campagnes, tant la stratégie s’est révélée efficace pour faire émerger jusque dans les JT de 20 heures une thématique jusqu’alors ignorée du grand public.
La PMA existe légalement pour les couples hétérosexuels. Des techniques déjà légales, comme le recours à des dons de gamètes d’autres personnes ou la fécondation in vitro qui accroît les chances de grossesse et évite d’avoir à subir des rapports sexuels hétéro non désirés, constitueraient une avancée considérable pour les femmes qui souhaitent avoir des enfants mais qui pour des raisons multiples, ne souhaitent pas le faire avec un partenaire masculin.
L’autonomisation des femmes dans leur fécondité (lesbiennes mais aussi célibataires) est semble-t-il un spectre terrifiant. Alors que les procédures comme le matériel génétique ne représentent ni un coût extrêmement élevé ni une menace de carence, comment comprendre l’acharnement des pouvoir publics à refuser cette option ? En attendant, les femmes partent à l’étranger ou endurent des méthodes artisanales... Une situation inacceptable.
Projet parental... ou déterminisme génétique ?
N’ayant pas à passer par la procédure éthiquement problématique qu’est la gestation pour autrui (GPA), les femmes qui aiment les femmes sont également au premier rang de la confrontation avec l’État sur les questions de filiation. Aujourd’hui encore, l’adoption d’un enfant par son parent social est d’une lourdeur administrative, d’un arbitraire juridique et d’une inégalité de traitement avec les couples hétérosexuels, inadmissibles.
Il ne serait pourtant pas très difficile de mettre en place la reconnaissance prénatale pour les parents sociaux comme c’est déjà le cas pour l’homme supposé père. Et par ailleurs, comme en Argentine, il serait envisageable d’ouvrir la possibilité d’une parentalité multiple, pour les familles recomposées, les coparentalités... Mais cela supposerait d’ancrer la parentalité dans un projet parental, et non dans un déterminisme génétique.
Cela est à relier avec l’extrême difficulté pour les personnes identifiées comme homosexuelles – ou pire, transgenres – à être acceptées comme parents adoptifs potentiels. En couples ou célibataires, les discriminations sont toujours d’actualité. Et c’est bien un paradoxe que de refuser aux homosexuelLEs les moyens médicaux de procréer, et dans le même temps de les éloigner de l’adoption. Quoique...
Chloé Moindreau