Le Grand Prix du jury de Cannes attribué à « 120 battements par minute », sur la fondation et le combat d’Act Up-Paris fait parler à grande échelle de la lutte contre le Sida. Une maladie toujours pas éradiquée…
Apparue à la fin des années 1970, la maladie a presque 40 ans, appelée au départ de manière stigmatisante le « cancer gay ». Il faudra un temps long avant que les pouvoirs publics se décident à faire quelque chose contre la maladie, alors que nombreux sont les homosexuels qui en meurent tout au long des années 1980. Mais la maladie, jusqu’à la fin des années 1980, est restée une maladie de « parias » : la maladie des gays, des trans, des migrantEs… La première campagne grand public de prévention ne se mettra en place qu’en 1987... avec la fin de l’interdiction de la publicité sur les préservatifs !
S’organiser
Les groupes et associations LGBTI qui se sont construits et organisés dans les débuts du mouvement autonome des années 1970 permettent d’organiser rapidement la solidarité et la lutte de la communauté gay. AIDES est fondée en 1984 en France, et Act Up-Paris est créé en 1989 sur le modèle d’Act Up-New York fondé en 1987, face à l’indifférence généralisée. Act Up permettra de rendre visible la lutte des personnes malades du Sida en mettant en place des actions coup de poing, ce qui a permis de mettre une pression importante à la fois sur le gouvernement mais aussi sur les laboratoires pharmaceutiques. Il faudra attendre 1996 pour voir les premiers médicaments de trithérapie efficaces. Mais certains pays attendront plus longtemps, comme le Portugal qui devra attendre 1998…
Ces morts massives dans la communauté homosexuelle auront pour effet, au-delà des changements dans les rapports à la sexualité et à sa protection, des luttes en faveur du mariage et/ou de contrats permettant la protection des conjointEs et de l’héritage, des conjointEs qui avant cela se retrouvaient souvent sans rien du jour au lendemain.
Et maintenant ?
Le sida est loin d’être éradiqué. En 2016 l’Organisation mondiale de la santé décomptait 37 millions de personnes dans le monde nécessitant de recevoir un traitement… Et pourtant, seulement 18,2 millions reçoivent effectivement le traitement. Et seulement 60 % de ces personnes connaissent leur statut. Un tiers des nouveaux cas de séropositivité viennent de l’Afrique subsaharienne, et seul un tiers des malades reçoivent un traitement dans cette région du monde, traitement qui continue de coûter extrêmement cher.
La France est loin d’être en reste. La prise en charge des malades du Sida n’est pas comparable à celle du début des années 1990, où les personnes malades mourraient en masse… Cependant, la casse de l’hôpital public depuis la loi Bachelot rend plus difficile l’accès aux soins. Il y a une précarisation et une criminalisation croissante des personnes les plus touchées : la communauté LGBTI, les prostituéEs, les migrantEs... Cela sans oublier l’expulsion des migrantEs séropositifs vers des pays où très souvent les traitements sont inaccessibles.
Plus que jamais l’accès libre et gratuit à la santé doit être un combat prioritaire !