Samir Elyes est un ex-membre du Mouvement de l’immigration et des banlieues (MIB), membre du comité Vérité et justice pour Adama et du collectif de quartiers populaires « On s’en mêle ». Extraits de sa première intervention lors de la réunion du 24 juin.
Moi je ne suis pas député, je ne suis pas élu, voilà. On remercie le NPA d’avoir invité On s’en mêle, et si on a accepté de venir, c’est parce que nous, dans les quartiers, on est en attente. On est contents de ce qui a pu se passer lors du premier tour de la présidentielle, mais c’est loin de nous suffire. Car quand on voit ce qui s’est passé par la suite, quand on voit les négociations pour les législatives, comment elles ont été menées entre les partis de gauche, on se rend compte qu’encore une fois les quartiers ont été la dernière roue du carrosse. Comme depuis 50 ans.
« Nous on attend beaucoup de choses »
Nous ça fait longtemps qu’on attend. Et aujourd’hui encore on est en attente. On n’a encore rien gagné dans les quartiers, pour la simple et bonne raison qu’on est à terre. Avec la précarité, la pauvreté, la police et son fonctionnement dans nos quartiers… Nos jeunes aujourd’hui, ils ont affaire à des milices. On n’a plus d’écoles, on nous envoie les profs les moins bien notés pour éduquer nos enfants… Nos écoles sont détruites, elles ne sont pas rénovées, mais à côté de ça on est en train d’armer la police municipale. Etc.
Alors nous on attend beaucoup de choses. On attend beaucoup de la Nupes. Mais à côté de ça, on n’attend rien non plus. Parce qu’on sait faire, parce que ça fait 50 ans qu’on se lève dans nos quartiers, qu’on organise des luttes, qu’on se bat contre toute forme de mépris. Et on a été méprisés non seulement par la gauche, mais aussi, à certains moments, dans les mouvements sociaux. Alors nous, si on a décidé de s’en mêler, c’est pour une bonne raison : l’extrême droite, nous, on la ressent matin, midi et soir. Tous les jours. C’est pour ça qu’on a décidé de faire barrage au premier tour de la présidentielle, et on en est fiers, on en est contents. Et si c’était à refaire on le referait.
Par contre il y a des choses à dire à propos de ce qui s’est passé aux législatives, comment les négociations ont été menées. Par exemple, quand le NPA a décidé de se mettre en retrait des négociations, je le dis : j’étais content. Comment on peut négocier avec Roussel ? Comment on peut s’asseoir à la table de certains du Parti socialiste ou des Verts ? Nous on n’a pas envie de discuter avec ces gens-là. Ils nous ont fait du mal, ils ont été au pouvoir, et si on est dans cet état dans nos quartiers, c’est de leur faute. L’erreur de la Nupes, c’est qu’elle aurait dû s’asseoir avec les militants, avec ceux qui font des choses. Et pas que dans les quartiers. Dans les campagnes aussi, partout où les gens se sont mobilisés depuis des années. Et non, il y a eu des parachutages.
Mais bon, on va voir si ça va nous servir. On ne va pas tout de suite dire que rien ne va. On espère qu’à la rentrée de septembre, les choses vont avancer. Par exemple, nous on a envie de discuter de l’école, et on va voir si à l’Assemblée les gens de la Nupes se saisissent de cette lutte. Pareil sur la désarmement de la police. Parce qu’avec les 89 députés du Rassemblement national, il va y avoir des débats sérieux, et on va voir comment ça va réagir à l’intérieur de l’Assemblée. Nous on veut désarmer la police municipale, on veut que l’argent aille à l’éducation, on veut soutenir nos professeurs, nos instituteurs, qui viennent dans nos quartiers éduquer nos enfants. Et il y a aussi la question du logement. Les expulsions on n’en veut plus, on veut que les familles puissent rester chez elles, qu’elles puissent garder leur appartement. Alors c’est pareil, on verra bien qui va se saisir de cette question.