Loi après loi, les gouvernements depuis de très nombreuses années ne cessent de supprimer des emplois dans la fonction publique. Désormais, dans un certain nombre d’administrations, le manque de moyens humains est catastrophique à la fois pour les usagerEs et les agentEs.
Les fonctionnaires sont bel et bien une variable d’ajustement pour les gouvernements successifs au nom de la sacro-sainte réduction de la dépense publique. Et le nombre de suppressions d’emplois dans la fonction publique est même devenu un argument électoral. Rappelons-nous que Macron candidat avait promis que, sous son quinquennat, 120 000 emplois de fonctionnaires seraient supprimés dont 70 000 dans la fonction publique territoriale et 50 000 dans la fonction publique d’État. Alors même qu’il ne pourra, au total, pas arriver à ce chiffre à la fin de son quinquennat, dans les faits, cela ne changera pas grand-chose dans de nombreuses administrations où les privatisations, les externalisations, les restructurations, les fermetures de services restent d’actualité.
Les gagnantEs et les perdantEs
Même si Dussopt, ministre des Comptes publics, présente publiquement un soi-disant schéma d’emplois « stable », la saignée sera encore à l’ordre du jour dans de nombreux ministères. Et en regardant de près la Loi de finances 2021, on voit bien l’ordre des priorités du gouvernement. Deux ministères, une fois encore, sortent du lot et voient leurs effectifs en augmentation avec 1 369 créations de postes à l’Intérieur et 1 500 à la Justice. En revanche le ministère de l’Économie et des Finances supprime 2 163 emplois (dont 1 800 aux finances publiques), l’Écologie 947, le Travail 496, l’Agriculture 375 et l’enseignement scolaire 120 (soit deux fois plus qu’en 2020). Et la santé qui surtout en ce moment devrait être la priorité ne voit que 76 créations d’emplois… loin, très loin des besoins et des revendications des personnels soignants qui réclament 120 000 créations de poste.
Il y a bien évidemment une cohérence d’ensemble dans les projets destructeurs du gouvernement, qui ne sont pas uniquement motivés par des soucis d’économie, mais aussi par la mise en application d’une réelle vision du monde : une société dans laquelle le service public, le sens du collectif et les mécanismes de solidarité sont considérés comme des freins au développement de « l’ambition », de « l’esprit d’entreprise » et de la « responsabilité individuelle ».
Un enjeu de société
La perspective de ce gouvernement va bien au-delà des suppressions d’emplois et de la baisse des dépenses publiques, elle est de reconfigurer entièrement les services publics et les règles de l’emploi public comme on le voit bien avec la loi de « transformation publique ». Aujourd’hui de nombreuses administrations sont asphyxiées par des suppressions d’emplois continues depuis plus de 10 ans, mettant à mal les missions de service public.
Face à cela nous devons défendre plus que jamais un projet de société alternatif fondé sur la solidarité et la satisfaction des besoins sociaux contre une société basée sur le profit, la satisfaction des intérêts des propriétaires des moyens de production et d’échange et des actionnaires. L’éducation, la santé ou le logement sont des droits qui doivent être totalement retirés du secteur privé marchand. Il faut étendre les services publics comme, par exemple, dans la petite enfance, l’aide aux personnes et développer de nouveaux services répondant aux besoins du plus grand nombre. Les réseaux vitaux (énergie, eau, communications, transports, voies de circulation, etc.) doivent être au service du plus grand nombre, développés, gérés, entretenus par l’État. Nous revendiquons la création d’un million d’emplois dans la fonction publique pour renforcer et développer les services publics afin de répondre aux besoins essentiels de la population. Et pour cela se battre ensemble, fonctionnaires ou salariéEs du privé, construire des mobilisations communes et convergentes comme par exemple les 23 janvier et 4 février prochains.