Le Conseil national de la transition écologique qui dépend du ministère de la Transition écologique vient de publier un avis : la France se réchauffe plus vite que la moyenne mondiale, au rythme effroyable de + 0,36 °C tous les dix ans en moyenne.
Selon une autre étude publiée dans Earth System Dynamics, on doit s’attendre à + 4 °C d’ici la fin du siècle. Les éluEs de Paris planchent sur un possible 50 °C d’ici 2050 et les « accords de Paris » limitant le réchauffement à 1,5 °C maximum sont déjà enterrés et oubliés. Un scénario rouge écarlate déjà « entériné » par des autorités qui laissent au marché le soin d’organiser la transition énergétique et écologique.
Contre la logique du profit, prendre ses affaires en main
Face à ce scénario catastrophe, on parle de s’adapter, certes. Gageons que les riches qui nous conduisent au désastre sauront s’exfiltrer rapidement de Paris vers des contrées plus fraîches. Pour les autres qui demeureront sur place, la seule solution est bien de s’en prendre dès maintenant au cœur du problème, c’est-à-dire à l’utilisation des énergies fossiles (en France à TotalEnergies). Ce qui pose la question du mode de production, des modes de consommation, des modes de transport. L’ensemble des activités économiques et sociales est aujourd’hui soumis à la logique du profit capitaliste. Les salariéEs et les usagerEs de la santé, de l’agroalimentaire, de l’eau ou de la protection de la biodiversité devront prendre en main la gestion de leurs secteurs et les orienter vers la satisfaction des besoins de toutEs.
Transports et énergie : deux secteurs ouverts à la concurrence
Deux secteurs concentrent une grande partie des enjeux économiques, sociaux et politiques : celui de la production d’énergie, avec un impératif, sortir des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon…) et en gérer les conséquences sur l’emploi, les mesures de sobriété, les arbitrages sur les usages ; et celui des transports qui consomme près du tiers de l’énergie (pétrole essentiellement) et est au cœur des projets d’électrification de la consommation d’énergie. Les transports (marchandises et personnes) représentent 1/3 des émissions de gaz à effet de serre (GES) responsables du réchauffement climatique. Sous l’influence des politiques néolibérales en Europe et en France, ces deux secteurs ont été ouverts au marché et à la concurrence.
Le secteur du transport a été démantelé : la concurrence organisée entre les modes de transport, entre les entreprises… À la SNCF, l’ouverture à la concurrence et la libéralisation ont conduit à une détérioration du trafic, sans qu’il y ait baisse des tarifs. Cette logique pèse sur les conditions de travail et les salaires comme sur le porte-monnaie des usagerEs. Incompatible avec une organisation rationnelle et écologique, elle gaspille l’énergie et entraîne de nombreuses conséquences nocives (pollution, artificialisation des sols, menaces sur la biodiversité et les ressources en eau). Cela ne va pas de soi : la multiplication des projets autoroutiers, socialement injustes et écologiquement irresponsables provoque des résistances déterminées.
La destruction volontaire, organisée, du service public de l’énergie, engagée depuis près de vingt ans, aboutit aujourd’hui à la ruine d’EDF entreprise indispensable à la planification énergétique et écologique.
En même temps, les profits des grandes compagnies énergétiques ont explosé grâce à l’envolée des prix de l’énergie alors que les factures des ménages européens n’ont cessé d’augmenter
Développement du maillage et participation des usagerEs
Nous devons sortir les secteurs de l’énergie et du transport de la course aux profits privés, des « lois du marché », condition incontournable pour répondre aux urgences sociales et écologiques. Les capitalistes font un très mauvais usage de leur fortune et des richesses produites, tant pour leur consommation que pour leurs investissements. Les actionnaires des grands groupes privés ont multiplié leurs gains, sans que les salaires arrivent à suivre l’inflation. De quoi financer un secteur public de l’énergie, socialisé, assurant la gratuité des besoins de base, dans lequel la logique de gestion des communs permet le contrôle, les choix politiques démocratiques en fonction des besoins sociaux et écologiques et non des profits.
Indispensable pour avoir les moyens d’un contrôle des salariéEs et des usagerEs, d’un débat démocratique pour décider des besoins réels : plan d’isolation des logements et locaux, suppression de la publicité et de certaines productions inutiles, sur les choix : quelles énergies renouvelables ? Quelles conditions de production ? Quelle planification ?
Et un véritable service public du transport qui tout à la fois valorise et améliore les conditions de travail des salariéEs du secteur et réponde aux besoins des usagerEs afin de leur permettre de réduire drastiquement l’usage de la voiture individuelle et des camions. Ce service public du transport associera une politique globale de développement du maillage et de la fréquence des dessertes au contrôle et à la participation des usagerEs et des salariéEs pour en finir avec l’isolement des quartiers populaires et des zones périurbaines. Il s’agit de repenser profondément les conditions de notre mobilité.
Construire un service public de l’énergie ou des transports ce n’est donc pas un retour en arrière au monopole public, centralisé et opaque. C’est ouvrir la possibilité d’articuler une gestion locale au plus près des travailleurEs et des usagerEs et une planification transparente des choix sociaux et environnementaux à plus long terme. Cette perspective crée aussi les conditions d’une convergence entre les luttes des travailleurEs de ces secteurs et les revendications environnementales.
Dominique (Commission nationale écologie)