L’ouverture à la concurrence des transports publics, un vaste projet à rebours de l’histoire porté depuis des dizaines d’années par les gouvernements successifs, subit son premier test en situation réelle en Ile-de-France. Les appels d’offres par « délégation de service public » ont commencé : six lots sur quarante ont été attribués, dont trois remportés par le groupe Transdev : Valmy (95), Sénart et Melun (77). Les salariéEs concernés ont été transférés au 1er août dans des filiales créées pour l’occasion – drôle de transfert puisque les lignes étaient déjà exploitées par Transdev…
La prétendue « ouverture à la concurrence » n’est que le stade suprême de la mainmise de trois monopoles publics sur tout le secteur : la SNCF et sa filiale bus Keolis, la RATP et sa filiale RATP Dev et Transdev, groupe de 83 000 salariéEs, détenu à 66 % par la caisse des dépôts. Les appels d’offres obligatoires tous les cinq ans seront partagés en bonne entente entre les trois géants – mais seront le prétexte à tirer à chaque fois les conditions de travail vers le bas. Modèle de gestion capitaliste d’un secteur public !
À l’issue d’un appel d’offres, le transfert du personnel est obligatoire dans une nouvelle filiale, même au sein du groupe. En cas de refus, c’est le licenciement ou la « mobilité ». Exactement comme dans les entreprises d’autres secteurs où se multiplient les accords dits de performance collective (APC) : le faux choix entre la baisse de salaire, l’augmentation du temps de travail ou… la porte.
Le calendrier de cette attaque patronale est savamment étalé : cette année les réseaux de bus de la grande couronne parisienne, puis les bus et trams de la RATP, et plus tard les métros et RER. Les TER et les Grandes lignes commencent aussi à être concernés. Une avancée à tâtons qui traduit la crainte de réactions, notamment des travailleurEs de la SNCF et de la RATP qui ont donné du fil à retordre au gouvernement ces dernières années.
Mais ce sont les premierEs salariéEs concernés par cette offensive qui ont réagi, sans attendre. Premiers cobayes de cette expérimentation patronale brutale, les conducteurs de bus de Transdev dans le 77 sont en grève illimitée depuis début septembre. Le bras de fer a commencé.