Le Front social c’est d’abord et avant tout le regroupement de militantEs syndicalistes, associatifs, politiques, de fronts et de collectifs de lutte ayant réussi à dépasser les sectarismes de boutique, convaincus par l’expérience de construire la grève générale et prêts à en découdre avec l’État et son appareil répressif.
L’élément fédérateur fut la mobilisation contre la loi El Khomri et ses 16 journées de grève étalées sur 5 mois, avec le constat d’un gâchis au regard de la détermination affirmée de milliers de salariéEs et de jeunes, cette « avant-garde large » qui s’est retrouvée à maintes reprises entre avril et septembre 2016.
Deux principes indissociables
Ce constat est entré en écho avec l’appel de Mickaël Wamen, CGT Goodyear qui, lors d’un rassemblement à Paris en février 2016, énonça ce que beaucoup d’entre nous mettions dans nos discours et nos réflexions depuis des années : nous ne sommes pas démobilisés ni défaits mais éparpillés aux quatre vents de la stratégie de défaite des directions syndicales, ce qu’il nous faut c’est nous retrouver « tous ensemble, le même jour, au même endroit, à la même heure et pour la même cause ! »
En 2017, alors que le dialogue social et la stratégie de collaboration de classe continuent de faire recette avec les dirigeants syndicaux qui se mettent autour de la table des renonciations sociales dès que Macron et ses sbires les sifflent, le Front social propose d’agir autour de deux principes indissociables : il n’y a pas d’atonie de notre camp social, mais chacun de ses combats est atomisé, dispersé, isolé, donc ce qu’il nous faut c’est « s’unir pour ne plus subir ». Et seule la paralysie des moyens de production, de transport, d’énergie, autrement dit, seule la grève générale, reconductible, nous permettra de gagner, d’inverser le rapport de forces, car c’est cela qui fait peur aux exploiteurs.
Succès militants
Aujourd’hui, le Front social est un outil précieux qui a déjà exercé, à une échelle large, une pression ou une influence sur les appareils, les militantEs ouvriers, les syndicalistes et une partie de la jeunesse qui s’est mobilisée pendant le mouvement contre la loi El Khomri. Les manifestations des 22 avril, 8 mai, 19 juin et 4 juillet 2017 ont été des succès militants dont l’impact a largement débordé les milliers de personnes qui y ont participé. Et c’est pour continuer à ne pas attendre la Saint-Glinglin pour donner de la voix, que le Front social a proposé de continuer après la grève interprofessionnelle du 16 novembre, en marchant toutes et tous vers l’Élysée le samedi 18 novembre, pour aller dire deux mots à Macron et foutre le bordel au pied du « château ». Le Front social s’est adressé à toutes les organisations du mouvement ouvrier afin que cette manifestation soit la plus massive possible.
Le Front social est devenu un fait politique, qui dépasse très largement ceux qui l’ont lancé, un outil d’unité d’action que les militantEs révolutionnaires doivent construire et amplifier.
Denise Sarraute