Après le samedi 9 avril où des militantEs des banlieues comme Amel Bentoussi et Almany Kanouté sont intervenus à République, a été lancé un mouvement « Banlieues debout » qui se souci que l’occupation des places passe le périphérique dans la région parisienne, et se développe dans les quartiers populaires...
Et de fait quelque chose a démarré : des Nuits debout se développent dans de nombreuses villes de Seine-Saint-Denis (93), du Val-de-Marne (94) mais aussi dans l’Essonne (91), en Seine-et-Marne (77) ou à Vaulx-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise. Mais ces Nuits debout ont des visages, des formes d’organisation et des préoccupations différentes, et de celle de République, et entre elles, selon les dynamiques qui les ont impulsées et l’écho qu’elles rencontrent.
Ainsi, « On a bloqué nos lycées et organisé une assemblée générale interlycéenne dès le 9 mars », témoigne Henni Darrat, en première au lycée Eugénie-Cotton à Montreuil. « Je vais à la place de la République tous les soirs depuis qu’ils ont lancé le mouvement et j’ai rapporté l’idée de faire une Nuit debout dans ma ville, pour répondre à l’appel de faire émerger ce mouvement dans les banlieues. » à Montreuil, la première Nuit debout qui s’est tenue le vendredi 8 avril a réuni 300 personnes.
à Saint-Denis dans le 93
L’appel à une Nuit debout dionysienne a été lancé le 11 avril... après une soirée passée avec une trentaine de militantEs encerclés par la police, et une quarantaine d’autres venus les soutenir, tous dénonçant la venue en catimini de Hollande à la Maison d’éducation de la Légion d’Honneur, le symbole le plus criant de l’inégalité d’accès à l’éducation dans le 93 ! Cet appel a été signé par les unions locales et des structures syndicales de la CGT et de Solidaires, des associations de sans-papiers, de parents d’élèves, des collectifs en lutte pour le logement, le MRAP, ainsi que par des organisations politiques (AL, NPA, Ensemble, PCF).
Outre les réseaux sociaux, la popularisation de l’initiative a été faite par des distributions de tracts aux métros faites par l’Interpro (un regroupement de militantEs de différents secteurs qui se sont réunis à plusieurs dizaines à l’appel des unions locales CGT, SUD et FO, le 31 mars, le 5 et le 12 avril).
Dans des barnums prêtés par la mairie, on a installé un espace enfants, une cantine et des ateliers artistiques animés par des militantEs de l’Interpro et des volontaires. Autour de 500 personnes se sont retrouvées, avec des interventions à l’image d’une ville où la lutte est une question de « survie » : des parents d’élèves qui avaient occupé les écoles puis pique-niqué à plus de 150 au même endroit le matin même pour revendiquer les 400 enseignantEs qui manquent pour assurer les remplacements dans les écoles du 93 ; les collectifs de sans-papiers ; les salariéEs d’une maison de retraite qui démarraient une grève le lendemain contre le mépris et la violence managériale ; des enseignantEs ; des mal-logés ; des étudiantEs de Paris 8 mobilisés depuis un mois contre la loi travail…
Pour le moment, ces luttes se juxtaposent, et leur convergence est un enjeu vital pour construire un rapport de forces global mais aussi pour obtenir des victoires pour chacune. Se retrouver au même endroit est une première étape de convergence, nécessaire mais pas suffisante. Car la convergence se construit autour de revendications qui unifient dans le combat contre un adversaire commun. L’intervention des militantEs du NPA vise à participer à l’émergence de cette conscience commune. Prochain rendez-vous dyonisien le mercredi 20 avril.
Cathy Billard