Des jeunes, scolarisés ou pas, des militantEs, des salariéEs simplement venus manifester… On compte plus de 200 poursuites et procès contre celles et ceux qui se sont mobilisés ces derniers mois contre la loi travail, y compris sur des accusations les plus délirantes comme celle, pour un street medic d’avoir porté sur son casque… une croix rouge ! À cette longue liste vient s’ajouter les sanctions mises en œuvre dans les entreprises par des patrons revanchards, encore plus difficiles à dénombrer.
Les cas les plus emblématiques, comme ceux d’Air France et des Goodyear qui constituaient eux les prémices de la mobilisation, ne doivent pas éclipser toutes les autres situations de répression. Quelques exemples ci-dessous et autant d’occasions de se mobiliser dans les semaines qui viennent.
Les six de Haguenau
Le 19 mai dernier, à l’occasion d’une nouvelle journée nationale de mobilisation contre la loi El Khomri, un barrage filtrant est installé sur un rond-point d’une zone industrielle, à l’instar d’autres actions menées le même jour par des milliers d’autres manifestantEs à travers le pays. Ce sont 6 des 200 militantEs CGT, FO et Solidaires présents ce jour-là, qui sont convoqués à la demande du procureur de la République le 9 novembre prochain, devant la justice pour répondre des faits d’« organisation de manifestation sans autorisation » et d’« entrave à la circulation ».
La chasse aux militantEs est ouverte
Les plus investis dans la lutte sont davantage ciblés. C’est ce qui est arrivé à Valentin à Lille et à Martin à Saint-Étienne, tous deux syndiqués à la CGT. Le premier, également membre d’Alternative libertaire, a été placé en détention préventive plusieurs semaines dans l’attente de son procès après avoir refusé la comparution immédiate. Le second, responsable local des JC, s’est vu condamné à 8 mois de prison avec sursis pour avoir prétendument violenté, seul et en moins de deux minutes, sept policiers… Il a fait appel du jugement, l’inscription de la peine à son casier judiciaire compromettant son orientation professionnelle vers un poste dans le secteur public à l’issue de ses études.
Policiers vs postiers
Alors qu’ils se rendaient à la manifestation parisienne encagée du 23 juin 2016, des postiers refusent d’obtempérer lors de la fouille une fois arrivé à l’énième barrage policier qui contrôle le périmètre de cette dernière : il est vrai que, sous le régime de l’état d’urgence, la hampe d’un drapeau syndical peut devenir une arme par destination… Mal leur en a pris : parmi eux, Adil de SUD Poste 92, se fait non seulement violenter (ainsi qu’un autre militant) par la police, mais est placé en garde à vue pour être ensuite déféré au parquet. Il est finalement libéré 48 heures plus tard suite à la pression militante et passera en procès pour des faits supposés de rébellion et violence sur agents dépositaires de la force publique le 13 décembre prochain au TGI de Paris.
À la SNCF, on coupe bien les têtes
Après la manifestation monstre du 14 juin, deux militants de SUD Rail dont un délégué, Mathieu et Christophe, reprennent à l’arraché le train du retour pour Strasbourg. Pour avoir prétendument adopté un comportement inadapté vis-à-vis des autres voyageurs et d’un contrôleur, des faits dont la matérialité est loin d’être établie, ils risquent aujourd’hui la radiation pour faute lourde. Leur syndicat a appelé en réponse à faire grève sur la région ce mardi.
Depuis, le ministre de la Justice a publié, le 20 septembre dernier, une circulaire (sic) « relative à la lutte contre les infractions commises à l’occasion des manifestations et autres mouvements collectifs. » Syndicalistes, zadistes et jeunes révoltés des quartiers populaires, nous sommes tous visés ! Mais, comme l’a écrit Steinbeck, « La répression n’a pour effet que d’affermir la volonté de lutte de ceux contre qui elle s’exerce et de cimenter leur solidarité. »
LD