Les 19 et 20 octobre avait lieu le procès en appel des syndicalistes de Goodyear. La condamnation, en première instance de Michaël Wamen et ses camarades à 24 mois de prison dont 9 mois fermes, une condamnation inédite depuis 60 ans contre des syndicalistes, avait soulevé un vent d’indignation chez les travailleurs et les militants au début de l’année.
Cette condamnation, s’ajoutant aux poursuites contre les salariés d’Air France, contre les dockers du Havre, aux multiples très lourdes condamnations contre des manifestantEs du mouvement contre la loi travail, dit symboliquement le futur de celles et ceux qui voudraient relever la tête.
Un agenda et un programme de combat
Cependant, le cas de Goodyear n’a pas été exactement le même que les autres. Par leur résistance, par la création de plus de 80 comités de soutien, par la tournée de meetings de leur porte-parole et surtout par leur prise de position lutte des classes, ces militants ont acquis une notoriété importante.
Ainsi, les Goodyear ne se sont pas contentés d’une lutte défensive contre leur condamnation. Dans leur appel à faire d’Amiens la « capitale de la lutte des classes » ces 19 et 20 octobre, ils appelaient non seulement à manifester contre leur condamnation, pour leur relaxe, mais également contre toutes les répressions : celle contre les manifestants du printemps, contre les syndicalistes, dans les quartiers… Ils inscrivaient également cette mobilisation comme une nouvelle journée de mobilisation contre la loi travail.
Une politique clairement en rupture avec le choix des directions syndicales, qui après le 15 septembre ont toutes décidé d’enterrer les manifestations et de renvoyer la lutte entreprise par entreprise. Cet appel définit ainsi l’ébauche d’un agenda et d’un programme de combat, premier pas vers un chemin indépendant des directions traditionnelles.
Créer du lien
C’est sans doute ce qui explique que cette mobilisation s’est faite totalement contre les appareils. Tout a été fait pour minimiser cette mobilisation, entre les régions entières où la CGT a refusé de mobiliser, et celles où des rassemblements locaux ont été organisés, en contradiction avec l’appel de Michaël Wamen à manifester « tous ensemble, au même endroit, à la même heure ». Même l’Union syndicale Solidaires était très faiblement représentée.
Malgré cela, des milliers et des milliers de militantes et militants se sont retrouvés à Amiens les 19 et 20 octobre. La tribune a permis à différents militants en butte à la répression de s’exprimer, mais également cette journée a été l’occasion de commencer à créer du lien entre différentes équipes syndicales combatives.
Ces deux journées constituent donc un véritable succès, et le premier pas pour esquisser une politique alternative à celle des directions traditionnelles du mouvement ouvrier. Une politique offensive, indépendante et lutte de classes, qui donne des suites aux mobilisations contre la loi travail.
Aurélien Roman