Les huit de Goodyear comparaissaient pour « arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire de plusieurs personnes, suivis de libération avant le septième jour et de violences, faits commis en réunion », passibles de dix ans d’emprisonnement.
Le 24 novembre 2015, le procureur avait requis deux ans dont un ferme, et le tribunal avait finalement prononcé deux ans avec neuf mois fermes. Dans son délibéré du 12 janvier, le tribunal considérait que les deux victimes ont été maintenues « pendant 36 heures, contre leur gré, dans une salle aveugle, au moins partiellement obstruée par des pneus, pourvue pour l’occasion de sacs de couchage et pistolets à urine ». Une équipe du SAMU, qui souhaitait emmener l’un des directeurs « au vu de son état de santé », « n’a pas été autorisée » à le faire par les ouvriers. Les magistrats soulignaient « les brimades, humiliations, injures voire violences » subies par les deux hommes « dans un contexte d’alcoolisation massive ». Huit salariés étaient condamnés pour séquestration, deux reconnus coupables de violences.
Ces 19 et 20 octobre, devant la cour d’appel d’Amiens, la défense des Goodyear a consisté à faire peser sur la direction le climat de la journée. Pour la CGT, c’est la direction qui « a voulu que ça se passe de cette manière pour discréditer les élus du personnel et que tout pète ». Pour l’inspectrice du travail, « Il y avait beaucoup de souffrance chez les salariés », qui étaient « en sous-occupation » depuis plusieurs années. Et les accusés ont refusé l’accusation de séquestration. « Séquestration ? Je n’aime pas le mot. À aucun moment, je n’ai entravé leur liberté de se lever et de partir », a assuré l’un d’eux. Mais les salariés « étaient en train de perdre leur emploi, c’était tendu, c’est sûr, on n’était pas en train d’applaudir la direction ! »
Le procureur a requis deux ans de prison avec sursis. Nous n’attendons que la relaxe. Verdict le 11 janvier 2017. Avec un éventuel recours devant la Cour de cassation...
Robert Pelletier