Hier encore, un ami apiculteur auvergnat m’expliquait, bouleversé, qu’il avait d’ores et déjà perdu 70 % de ses ruches cette année, probablement à cause des descendants du Gaucho, produit poison qui enrobe les semences du maïs. Comme quoi tous les gauchos ne sont pas nos amis. L‘essai rappelle que la mégafaune a été exterminée au Pléistocène, que « l’Afrique a perdu le buffle, le gnou et l’hipparion géant » que vous ne verrez plus jamais d’ours cavernicoles ou de smilondons (tigres à dents de sabre)... « Comme les ruines d’un château médiéval, la nature contemporaine est un simple vestige de sa gloire passée », affirme ce biologiste de l’université de Hawaï. Une raison de s’en soucier ? L’irréversibilité des extinctions. Si des causes naturelles ont fait disparaître les dinosaures, désormais l’homme accélère le rythme du génocide. Les bisons étaient abattus par une vedette de cirque qui tirait les animaux « pour s’amuser », les Maoris en finissaient avec les moas : et comme disait la chanson « Pas de moas, pas de moas dans la vieille Aoteaora. On ne peut les attraper, ils les ont mangés. Ils sont partis et il n’ y en a pas ! » En 1938, les Chinois dynamitent une digue, ruinant l’écologie de trois provinces, pour stopper l’avancée japonaise. Dans cette brève histoire traitant de l’enclosure comme de la guerre moderne, l’auteur soutient que l’absence de démocratie économique porte en elle l’écocide mondial. Si le dodo de l’île Maurice est déjà parti avec l’échidné, le loup de Tasmanie et le wombat géant, la disparition de l’abeille conduira fatalement à l’extinction du prédateur principal, l’homo Fricus. Et du gaucho avec lui. Christophe Goby
Agone, 257 pages - 12 euros