De Nicolas Silhol. Avec Céline Sallette, Lambert Wilson et Stéphane De Groodt. Sortie le mercredi 5 avril.
Le film commence par un avertissement : « Les personnages sont fictifs, mais les méthodes de management sont réelles »... Le film se déroule dans la filiale française d’un groupe multinational. Émilie Tesson-Hansen (Céline Sallette) est cadre à la DRH. Parmi ses tâches, pousser vers la sortie les salariés dont la société veut se séparer sans licencier. Elle met en œuvre une stratégie rodée combinant pressions psychologiques, fausse sympathie pour les situations personnelles, menaces voilées, mises au placard. Elle enseigne ces méthodes aux nouvelles recrues de la DRH.
Émilie n’a aucun état d’âme jusqu’au jour où un cadre soumis à ses pressions se suicide dans l’entreprise. Elle est bien sûr chargée de gérer les suites, c’est-à-dire imposer la version selon laquelle ce suicide n’a que des causes personnelles : « C’était un très bon élément, il avait des difficultés familiales, il a craqué, l’entreprise n’y est pour rien et nous sommes, tous, direction et salariés, dans la peine ». Mais ça coince : le CHSCT met en cause le plan de réorganisation de l’entreprise, une inspectrice du travail se saisit de l’affaire, et les médias en parlent.
Émilie, dont les relations avec les collègues se dégradent, sent que les niveaux supérieurs veulent lui faire porter le chapeau. À la fois par instinct de survie, mais aussi par culpabilité, elle raconte tout à l’inspectrice du travail. Une seconde partie nettement moins convaincante. Le film vaut avant tout par sa description des méthodes cyniques de manipulation et d’éviction des salariéEs. Loin d’être inutile en ce moment.
Henri Wilno