De Chad Chenouga, avec Khaled Alouach, Yolande Moreau et Laurent Xu. Sortie le mercredi 3 mai 2017.
Chad Chenouga n’avait plus tourné de long métrage depuis 15 ans, partageant son temps entre la réalisation de courts métrages et son métier d’acteur. Il reprend ici la suite de son histoire, là où il l’avait laissé dans 17, rue Bleue.
Nassim (Khaled Alouach) vit avec sa mère dépressive et toxicomane et fréquente un lycée parisien où il retrouve ses potes et sa copine, d’un milieu social beaucoup plus aisé, qui ne savent rien de sa réalité. Il se retrouve brutalement seul après le suicide de sa mère et va être accueilli dans un foyer de l’ASE, ce qui va tout bousculer et le rappeler à sa condition sociale : le règlement, les éducs, la bande et ses lois.
On a du mal à croire au scénario tant la mesquinerie, l’inhumanité et la violence de l’institution sont grandes. L’auteur connaît cet univers pour l’avoir vécu lui-même. Les acteurs sont excellents, en tout premier lieu Khaled Alouach, d’une beauté mutique, qui se heurte aux contraintes, mettant en évidence par ses silences leur caractère absurde, répressif, insupportable. Yolande Moreau est parfaite en responsable du foyer de l’ASE, appliquant les consignes, mais les amortissant par son empathie personnelle. De fait, les acteurs sont à la bonne mesure : pas de pathos, pas de mélo, pas de caricature, juste la réalité brutale d’une institution et de jeunes oubliés qui paient le prix des politiques qui valorisent de façon irresponsable le tout répressif, qui voient dans tout jeune un délinquant potentiel, un danger qu’il faut contenir.
Un film à voir, bien au-delà du cercle des travailleurs sociaux.
Jean-Marc Bourquin