Publié le Dimanche 18 janvier 2015 à 22h09.

Cinéma : A most violent year de J.C. Chandor

Avec Oscar Isaac, Jessica Chastain et Albert Brooks. Sortie le mercredi 31 décembre

Hiver 1981, dans la banlieue de New York où la violence règne... Meurtres et cambriolages se succèdent. Abel Morales (Oscar Isaac), un immigré mexicain, veut se tailler la part du lion dans le marché du pétro-capitalisme. Il tente de garder les mains propres dans un milieu corrompu jusqu’à l’os. Son projet : acheter à des rabbins véreux un vieil entrepôt sur le fleuve face à Manhattan pour maîtriser à la fois son approvisionnement et la ville. Ses concurrents ne l’entendent pas de cette oreille. Les camions de livraisons d’Abel sont braqués les uns après les autres tandis qu’un procureur s’intéresse à la comptabilité de son entreprise en pleine croissance.Pourtant Abel a déjà versé un premier acompte de 40 % aux rabbins. Il doit verser le solde sous 30 jours sous peine de tout perdre. Le film vire alors au thriller implacable, avec rebondissements et coups tordus à tous les étages, dans un décor de hangars à l’abandon sur fond de neige sale, de course poursuite derrière un camion volé ou de bagarre violente. Abel, lâché par sa banque, est inquiété par la police suite à l’armement des chauffeurs par le « syndicat ». Il doit donc affronter les concurrents, la pègre, les financiers, la police et la justice. Abel ne lâche rien, aidé par Anna (Jessica Chastain), sa femme, fille d’un truand de Brooklyn qui possède elle aussi une ambition démesurée et des scrupules moindres.Mais on ne racontera pas ce film qui, sous des allures de thriller, se révèle être un pamphlet contre le capitalisme. Abel ne reste pas honnête par vertu mais pour entrer dans la cour des grands profiteurs et imposer une loi qui ne vaut guère mieux que celle de la pègre. Abel trouvera l’argent sans se salir les mains aux yeux de la justice. Accueilli chez les puissants, le procureur, qui l’inquiétait auparavant, lui proposera une alliance pour grandir ensemble à New York... Les USA entraient de plain-pied dans l’ère Reagan et le suicide du chauffeur et ami latino n’en constitue qu’une illustration tragique. J.C. Chandor impose au film une tension extrême avec son personnage tenté par la brutalité mais retenu par son objectif. Un film puissant à voir absolument.

Sylvain Chardon