Shu Aiello et Catherine Catella, sortie le mercredi 8 février.
Un village de Calabre renaît avec l’arrivée des réfugiés... En 1998, un bateau de avec 200 réfugiés kurdes accostait à Riace, à l’extrême sud de l’Italie. Depuis un quart de siècle, ce village de Calabre a accueilli plusieurs milliers de réfugiés. Si la plupart ont poursuivi leur chemin vers les métropoles, certains se sont logés dans les nombreuses maisons abandonnées du village, et la population locale est ainsi passée de 900 à 2 100 personnes. L’association Città Futura (Ville du futur) s’est alors créée, liant l’accueil des réfugiés à la reconstruction et au développement du village.
Riace est aujourd’hui considéré comme un modèle d’accueil. Les écoles et les commerces y ont rouverts, et chacun bénéficie de cette activité renaissante. Une nouvelle équipe de foot a même vu le jour. Mais l’heure est venue des élections, et l’opposition soutenue par la mafia souhaite ravir le pouvoir au maire de gauche. Alors que les populations locales et immigrées vivent en harmonie, les habitants sauront-ils défendre ce qu’ils ont su construire ensemble ?
Domenico Lucano, devenu maire de Riace en 2004, est aujourd’hui une des figures de la gauche alternative. Il inscrira sa commune au « programme national d’accueil en 2001 », avant d’impulser l’association Città Futura qui aujourd’hui gère l’accueil de 400 réfugiés de 22 nationalités différentes. Cette démarche d’ouverture sur le monde lui vaudra l’opposition farouche et silencieuse de la mafia locale, voyant d’un mauvais œil ce projet alternatif qui pourrait influencer les immigrés surexploités dans des conditions proches de l’esclavage dans les grandes plantations maraîchères. Riace est l’un des rares villages à s’être porté partie civile contre la ’Ndrangheta, le combat contre la mafia et pour l’accueil des migrants faisant partie d’un même projet politique.
Un Paese di Calabria est un documentaire de qualité, motivant et engagé. À ne pas manquer.
Romain Prunier