Publié le Mercredi 15 février 2023 à 17h22.

Dounia et la Princesse d’Alep, de Marya Zarif et André Kadi

Film franco-canadien, 1 h 12 min, sorti le 1er février 2023.

Parce que le monde des bisounours n’existe pas et qu’en revanche la guerre et l’exil oui, il faut trouver des médiations pour en parler avec les enfants. C’est ce que fait « Dounia et la princesse d’Alep » avec justesse.

Si le début du film est dur et triste, la suite est portée par l’enthousiasme de l’enfance et la confiance dans un avenir meilleur. Les moments magiques permettent de mettre un peu de distance, de respirer. Les dessins sont très beaux et poétiques. Et ce n’est pas tous les jours qu’on peut voir un film, d’autant plus pour les enfants, avec une héroïne non blanche, sensible et entreprenante, un film écrit par une femme syrienne Marya Zarif.

Les odeurs et les couleurs de la Syrie face la brutalité de la guerre

La Syrie, Alep, les échoppes du souk, la cuisine, les odeurs, les couleurs, la musique… on est emporté par l’atmosphère de la ville avant la guerre. La réalité actuelle s’impose d’autant plus brutale et insupportable : la guerre, la répression, l’exil, les frontières, les camps de réfugiéEs, la Méditerranée à traverser, l’absence des personnes disparues…

L’errance dans les pays occidentaux, à la recherche d’un lieu qui les tolèrera à défaut de les accueillir est aussi montrée, édulcorée sans doute, mais déjà incompréhensible et inacceptable.

Alors en sortant du cinéma, il faut être prêtE pour les questions ! Et elles ne sont pas toujours faciles et nous poussent dans nos retranchements de militantEs : comment rendre compréhensibles sans trop simplifier les raisons de cette guerre ? Mais surtout comment expliquer le comportement de certains humains qui tuent, ferment les frontières, laissent mourir en mer et dormir dehors les enfants ? C’est peut-être parce que cette question n’a pas de réponse acceptable, que notre révolte reste aussi intense que celle des enfants face à de telles injustices.

En tout cas, c’est un film qui donne à voir, à réfléchir, qui fait grandir. Un film qui prend évidemment une résonance supplémentaire après le tremblement de terre du 6 février et ses conséquences terribles.