Éditions Libertalia, 2024, 211 pages, 10 euros.
Dix témoignages de femmes qui sont, ou ont été, incarcérées dans dix pays du monde. Citons ici (noms d’emprunt) Merry Utami (Indonésie), Capucine R. (France), Kadiatou D. (Mali), Enaam A. (Syrie), Ina P. (Novelle-Zélande), Lisa B. (Royaume-Uni), Kaori T. (Japon), Barbara Mariano (Brésil), Chenda N. (Cambodge) et Louise Henry (Canada).
Ces femmes témoignent et, bien au-delà, donnent à voir la réalité carcérale des femmes dans le monde. Pour connaître des conditions d’incarcération très différentes, leurs dix textes courts n’en tracent pas moins un tableau édifiant, comme universel, de la condition des femmes emprisonnées
Le biais, signalé par l’autrice elle-même, qui doit être pris en compte, c’est que les conditions requises pour participer aux entretiens (avoir des liens avec des associations, écrire et lire sur courrier ou par courriel), « sélectionne » un profil assez combattant des protagonistes. Reste à imaginer le ressenti de celles qui ne peuvent que subir en silence.
Le résultat est, d’abord, très touchant ! La force qui émane de ces paroles de vérité est une belle leçon d’humanité et un réquisitoire contre la prison, qui enferme principalement des pauvres et des personnes racisées, le plus souvent – presque toutes – victimes de violences familiales, conjugales, de viols. Presque toutes, elles sont condamnées pour des délits liés à leur survie, la plupart du temps autour de petits trafics de stupéfiants dont elles sont plus victimes qu’autre chose !
Alors oui, vraiment, quand on referme l’ouvrage d’Audrey Guiller, on ne peut que se dire qu’il va bien falloir en finir avec l’enfermement des femmes (et pas seulement !)
Claude Moro