Publié le Lundi 24 juin 2013 à 16h26.

Essai : Jamais résignés ! Parcours d’un Résistant du XXe siècle

Peter Gingold (1916-2006) est devenu presque aussi célèbre en Allemagne que Stéphane Hessel en France, et pour des raisons assez proches. Nie resignieren, « ne vous résignez jamais », concluait-il ses discours, bien avant l’Indignez-vous ! de 2010. Juif allemand, communiste et résistant de la MOI en France, acteur de la libération de Paris, il lutta, une fois établi à Francfort, pour la liquidation de l’IG Farben (le fabriquant du Zyklon B unissant notamment BASF, Bayer et Hoechst) et la restitution des biens volés par ce consortium. Il fut longtemps porte-parole fédéral de l’Association des victimes du nazisme – Union des Antifascistes (VVN-BdA), et participa à d’innombrables réunions et manifestations contre le néonazisme, multipliant aussi les interventions dans les écoles et les universités. Il eut également à subir l’interdiction du KPD et à se battre contre les Berufsverbote (interdictions professionnelles) établies en 1972. En 2001, il entreprit même un procès sans espoir contre la famille Bush, dont les participations dans la métallurgie nazie avaient été confisquées en 1942 au nom du Trading with the Enemy Act, mais qui continua à tirer bénéfice du travail forcé dans les environs d’Auschwitz. Peter Gingold se sera ainsi dressé toute sa vie contre la barbarie, l’injustice et l’oubli. Le titre allemand de ses souvenirs, Paris - Boulevard St Martin n°11, Ein jüdischer Antifaschist und Kommunist in der Résistance und der Bundesrepublik, fait allusion à l’immeuble où la Gestapo l’avait amené enchaîné et d’où il s’évada le 23 avril 1943, « jour de [sa] seconde naissance ». L’édition française, très soigneuse, est dotées de notes qui en font presque un livre d’histoire, à compléter par le bon livre de son frère Siegmund, Mémoires d’un indésirable. Juif, communiste et résistant. Un siècle d’errance et de combat (L’Harmattan, 2004).

Gilles Bounoure

Essai : Jamais résignés ! Parcours d’un Résistant du XXe siècle Peter Gingold, L’Harmattan, 22 euros.