Publié le Samedi 13 juin 2015 à 08h03.

Essai : Tout peut changer. Capitalisme et changement climatique

Par Naomi Klein. Actes Sud, 2015, 24 euros. Acheter en ligne.

Ne tournons pas autour du pot : Naomi Klein nous donne une contribution majeure à la nécessaire mobilisation populaire autour du sommet climatique mondial en décembre à Paris et ne s’en tient pas là. Son livre, travail de journaliste-militante au long cours (étalé sur cinq ans), ouvrage archi concret et détaillé, constitue aussi une contribution majeure à notre réflexion stratégique. L’altermondialiste canadienne a créé avec son ouvrage-enquête un étonnant événement éditorial de dimension internationale et si cela ne peut être pour nous un argument, ce succès, à l’inverse, ne devrait bloquer personne…Elle expose de manière saisissante comment s’est nouée la situation nouvelle, véritablement explosive dans laquelle nous sommes, et montre la grande bourgeoisie, les grands groupes, dans leur mobilisation permanente pour écarter toute décision contraignante. Le constat est accablant : depuis Kyoto, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 60 % ! « Ni les capitalistes ni les forces soumises à leurs projets ne prendront les décisions radicales et urgentes qui s’imposent. » Ce sera le « changement de fond en comble » ou la fuite en avant dans un « capitalisme de catastrophe ». Socialisme ou barbarie comme diraient d’autres…

Et s’« il faut bien commencer quelque-part », le changement radical ne peut se réaliser qu’à l’« échelle planétaire ». L’idée court tout au long du livre tout comme la nécessité impérieuse de « lier la question de l’urgence climatique et de l’urgence sociale ». Justice et égalité sont placées au centre de tout.

D’une lecture facile, vivante, le livre recèle de nombreuses réflexions sur les aspects idéologiques, culturels et institutionnels d’un changement radical. Beaucoup reste à débattre, à approfondir. Et Naomi Klein est en sympathie profonde avec le mouvement ouvrier traditionnel, avec les progressistes : elle ne se situe pas en surplomb, elle dont le grand-père, militant marxiste, avait organisé la première grève chez Disney.

Fernand Beckrich