Jusqu’au 3 octobre au Centre Pompidou (Paris).
Le Centre Pompidou présente « Beat Generation », rétrospective consacrée au mouvement littéraire et artistique né à l’initiative de trois jeunes écrivains, William Burroughs, Allen Ginsberg et Jack Kerouac, à partir de leur rencontre à New York, à Columbia University, en 1944. Le mouvement se déplace à San Francisco, puis, entre 1957 et 1963, à Paris.
Le mot « beat » désignait depuis le 19e siècle un vagabond du rail voyageant clandestinement à bord des wagons de marchandises. Il avait aussi le sens de « fatigué » ou « cassé » en argot. Il fait référence à une génération perdue, à la rue, battue, « au bout du rouleau »... Jack Kerouac, devenu la principale figure du mouvement après la publication de son livre Sur la route en 1957, lui donne un sens plus offensif, « dans la dèche, mais remplis d’une intense conviction ».
En effet, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et aux premiers jours de la Guerre froide, l’émergence de la Beat Generation bouscule l’Amérique puritaine et maccarthyste. Elle ouvre la voie à la contestation, à la libération culturelle, sexuelle, aux aspirations de la jeunesse des années 1960. Les jeunes étudiantEs se dressent contre le conservatisme en affirmant leur liberté d’expression à travers les arts, mais aussi en rompant les tabous en particulier contre l’homosexualité.
Une contestation globale et pragmatique
La Beat Generation a voulu bousculer toutes les certitudes de l’american way of life. Elle a ainsi contribué aux mouvements de mai 1968, à l’opposition à la guerre du Vietnam, et a aussi nourri les mouvements hippies de Berkeley et Woodstock. Elle a voulu redonner un contenu moderne au mythe américain, refusant toutes limites, ce qu’exprime Sur la route de Kerouac, une ode aux grands espaces, à l’épopée vers l’Ouest, à la découverte de mondes nouveaux dans tous les domaines. L’éloge de l’aventure, de la curiosité et de la découverte.
L’affirmation de la liberté individuelle, le rejet des conventions sociales, s’expriment avec toutes les armes : littérature, cinéma, musique, photographie, peinture, collage, spiritualité ou art de vivre… Elle est une contestation globale et pragmatique, sans la préoccupation de formuler un projet social ou politique dans l’Amérique dominée par l’anticommunisme. L’exposition de Beaubourg en présente la diversité reflétant son caractère touche-à-tout. Elle s’organise autour du rouleau tapuscrit de « Sur la route », rouleau papier sur lequel Kerouac a écrit son livre, de part et d’autre diverses salles à entrées multiples… Un parcours stimulant dans un monde en plein bouleversement.
Yvan Lemaître
De 11 h à 21 h. Nocturne jusqu’à 23 h tous les jeudis soirs. Entrée :14 euros / Tarif réduit : 11 euros.