Musée du quai Branly (Paris 7e). Du 10 avril au 15 juillet 2018. Tous les jours sauf le lundi, à partir de 11 heures.
Un fantôme ne meurt jamais ! En Asie orientale et du Sud-Est, les histoires d’épouvante ont traversé les époques dépassant le cadre moral et explicatif de l’art religieux pour se transformer en art populaire. La représentation bouddhique des enfers et de ses supplices infernaux témoigne elle d’une « pédagogie » religieuse qui enferme le croyant, bien loin de la philosophie libératrice affichée ici ou là.
Aux frontières du réel
L’exposition Enfers et Fantômes d’Asie propose un parcours aux frontières du réel où se croisent, au cours des siècles, toutes les formes d’art (peinture, sculpture, théâtre, cinéma, manga ou jeu vidéo).
En Chine, en Thaïlande ou au Japon, l’engouement pour l’épouvante se manifeste à travers des productions artistiques violentes et terrifiantes, qu’il faut remettre dans un contexte où toute existence est provisoire. Si les fonctionnaires des enfers notent les actions des vivants tandis que les démons se chargent des tortures (arbres à épines, montagne de couteaux, bûchers, etc.), il ne s’agit pour le croyant que d’une étape – certes douloureuse. Le séjour au sein des « dix enfers » débouche en effet sur le cycle des réincarnations et certaines offrandes réalisées lors de rites funéraires permettent même d’alléger les sentences des fonctionnaires infernaux.
Esprits errants de la forêt, spectres, femmes-chats vengeresses, « walking dead », vampires sauteurs, « yokaïs » hantent la littérature tandis que le « yureï », dépeigné et vêtu d’un linceul ensanglanté, passera directement du théâtre au cinéma d’horreur (vague du « J-Horror »).
Différentes sections de l’exposition présentent toutes ces créatures et certains films sont projetés avec un avertissement pour le public sensible en raison de certaines scènes.
Enfers et Fantômes d’Asie : une exposition à voir avec un regard critique sur l’enfer des religions, et pour le plaisir de se frotter aux démons d’Asie.
Sylvain Chardon