Musée du Quai Branly, jusqu’au 29 mars 2020, ouvert de 1 h30 à 19h (22h le jeudi), fermeture le lundi.
Le musée du Quai Branly présente actuellement une grande exposition1 sur l’art millénaire du travail du fer en Afrique. Frapper le fer n’a certes pas été qu’une spécificité africaine, mais il a acquis en Afrique subsaharienne un raffinement reflétant l’art et la culture des sociétés. Du champ agricole au terrain de bataille jusqu’aux symboles religieux, le métal a été investi d’un véritable pouvoir social et spirituel.
Cosmologie du fer et du feu
La maîtrise des techniques de métallurgie en Afrique a bouleversé les peuples et les civilisations postcoloniales (Kuba, Luba ou Songye du Congo, Dogon et Bamana du Mali, Karagwe de Tanzanie, Mumuye du Nigeria, etc.). Le fer existe en abondance en Afrique mais sa transformation en « gueuse », une pâte spongieuse et malléable exploitable par le forgeron, nécessitait la fusion du matériau d’origine à une chaleur de plus de 1 200 degrés dans des fours pas si artisanaux pour l’époque. En Afrique, la métallurgie traditionnelle représente un ensemble de techniques qui doit « comporter des éléments féminins pour être couronnées de succès »2. Les forgerons ont été les égaux des prêtres ou des chamans, ils dirigeaient des sociétés initiatiques et enseignaient comment mobiliser les énergies à des fins spirituelles ou sociales.
Près de 230 pièces exposées
L’exposition Frapper le fer, l’art des forgerons africains déploie une grande diversité de formes et de traditions dans les différentes régions du continent subsaharien. Originaires de plus de quinze pays, 229 pièces réalisées entre le 17e siècle et l’époque contemporaine y sont présentées. De la sculpture aux pièces de monnaie, des outils agricoles aux instruments de musique, des armes aux objets religieux, les forgerons d’Afrique réalisent des prouesses techniques. Ils sont vénérés et craints et les religions monothéistes les conforteront dans leur statut. La preuve en est apportée aux visiteurEs avec de magnifiques croix et fers chrétiens d’Ethiopie ou des lames calligraphiées du Soudan.
En bref, l’exposition nous en met plein les yeux et même les oreilles à travers cloches et lamellophones (pianos à pouces). Viva Africa, un enchantement !
Sylvain Chardon