Jusqu’au 30 août à la Maison de Victor Hugo, 6 place des Vosges, Paris 4e
Saisissant rapprochement des dessins de deux grands artistes : Victor Hugo, le poète et romancier célèbre, et Louis Soutter, violoniste suisse, « l’inconnu de la soixantaine » selon Le Corbusier son cousin, faussement assimilé un temps à l’Art brut par Dubuffet.
Le dessin comme exutoire à une imagination débridée : croquis rapides ou paysages oniriques, figures très libres pour le premier à un moment où son activité politique l’empêchait de se consacrer pleinement à la littérature ; dessins introspectifs de la condition humaine, torturés, obsédants, pour le second, commencés à 52 ans sur des cahiers d’écolier lorsqu’il ne pouvait plus vivre de son instrument, enfermé dans un hospice par sa famille.
Entre les deux, une singulière résonance thématique à presque un siècle de distance, accentué par un accrochage malicieux : composition architecturales dramatiques et délirantes de murs, châteaux, et ponts souvent ruinés ; représentation de la figure humaine dans toutes ses expressions souvent exacerbées du grotesque à l’angoisse et de la condition humaine vue par le prisme de la littérature de Hugo, des légendes mythologiques, du théâtre de Shakespeare, etc.
En commun, une totale liberté dans la technique et un onirisme formel sans contrainte. Souvent plume et lavis pour l’un, crayon au trait gras et appuyé pour l’autre, ils se rejoignent dans la peinture au doigt d’une étonnante modernité que Hugo a expérimentée et Soutter découverte par nécessité à la fin de sa vie.
Ugo Clerico