Éditions Marchialy, 2024, 200 pages, 20 euros.
Par milliers, des migrantEs, des enfants, des femmes, des hommes, risquent leur vie pour tenter de rejoindre l’Europe sur des embarcations de fortune. Nombre d’entre elleux périssent en mer, disparaissent, dans une sorte d’indifférence résignée. À leurs côtés, les veilleurs...
Sur les doigts de la main
Ils et elles sont cinq, ceux dont parle Taina Tervonen : Marie Dupont, Saliou, Hervé, Maria et Marie Cosnay. Elles et ils ne sont pas une organisation, pas même un réseau, n’avaient pas vocation à devenir les veilleurs, le sont devenuEs un peu par hasard, au gré d’une rencontre ou d’un événement... ChacunE à sa façon, ils et elles accompagnent les migrantEs dans leur tentative de passage — accompagnant les embarcations en direct au téléphone ! — ou leurs proches dans leurs recherches, longues et fastidieuses, en cas de disparition.
En notre nom
Au contraire des gouvernants d’une l’Europe forteresse, qui font tout pour barrer leurs routes, pour renforcer les obstacles à la migration, entraînant des passages souvent mortels, faisant de la Méditerranée, de la Manche, de l’Atlantique autant de cimetières, ces quelques personnes qui se consacrent corps et âme au soutien à ces causes perdues le font en notre nom, aurions-nous envie de dire ! En toute discrétion, anonymes, ils et elles consacrent toute leur énergie à se tenir aux côtés de celles et ceux que le monde abandonne, alors que leur perspective est simplement celle d’une vie meilleure, et/ou à aider les proches et les familles des disparuEs à remonter le fil des naufrages, à tenter sans relâche de restituer à ces personnes un nom, un lieu, une histoire, à leur rendre la dignité, à leur permettre le deuil, à les restaurer dans leur humanité.
Taina Tervonen offre une part de lumière à ces amiEs, à ces camarades, qui agissent dans l’ombre, avec la discrétion, l’humilité et le profond respect qui s’imposent et font de son livre un témoignage essentiel.
Vincent Gibelin