Publié le Mercredi 22 janvier 2020 à 18h24.

À lire : In Waves, de El Djungo

Roman graphique traduit de l’anglais (américain) par Basile Béguerie, Casterman, 476 pages, 23 euros.

In Waves est une œuvre émouvante qui vient de recevoir le prix BD France Inter 2020. Après le Dernier Atlas ou les Indes fourbes, c’est une nouvelle BD déjà sélectionnée en novembre 2019 pour le Fauve d’or à Angoulême qui est donc récompensée. Gage de qualité certes, mais d’absence de risques aussi. Dans le cadre d’une profession marquée par le succès des éditeurs en termes de vente mais aussi de précarité financière des auteurEs, il aurait été souhaitable que la première radio de France fasse preuve d’originalité et couronne une œuvre hors-piste. La commerciale Fnac étant partie prenante du prix France Inter, il ne fallait pas demander l’impossible mais ne passons surtout pas à côté de ce somptueux roman graphique.

La vague californienne

Al Djungo est un jeune auteur californien, formé au surf par sa compagne, Kristen, décédée à 25 ans d’un cancer. Au départ, il n’avait qu’une commande pour vulgariser le surf et célébrer les grands précurseurs de ce sport : l’Hawaïen Duke Kahanamoku, le poisson humain, et l’Étatsunien Tom Blake. Finalement soutenu par son éditeur, il a pu se lancer dans une œuvre plus ambitieuse et plus intime, en hommage à la promesse faite à la mort de Kristen. Al Djungo immortalise les instants de grâce de sa relation amoureuse comme les moments de violence calme du combat de sa compagne contre la maladie. Il « traverse le deuil en surfant comme on peut la crête d’une grosse vague. Tantôt au-dessus de l’écume, tantôt envahi et fracassé par le poids de l’eau »1. Al Djungo, en respectant sa commande de manuel de surf, évite cependant la nécrologie morbide en entremêlant de bichromie sépia l’histoire du surf au bleu turquoise du Pacifique et de sa relation amoureuse. Inutile de dire que les scènes dans les chambres d’hôpital sont dramatiques bien que bercées par l’ondulé des vagues de l’océan (waves en anglais). 

L’auteur ne fait pas directement mention à la musique du drummer disparu des Beach Boys Dennis Wilson dans Pacific Ocean Blue2. Pourtant, l’inspiration est la même et l’émotion ressentie indescriptible.