Publié le Mercredi 23 juillet 2014 à 08h35.

Littérature : Tête à crack de Adriaan Van Dis

Actes Sud, 2014, 22 eurosUn Néerlandais militant anti-apartheid des années 70, découvre 40 ans après, l’Afrique du Sud post apartheid. Les inégalités fracturent profondément une société dans laquelle la ségrégation sociale s’est substituée à la codification du racisme, qui continue pourtant à imprégner chaque instant de la vie quotidienne. Dans le village sur la côte paradisiaque du Cap où il retrouve un de ses anciens camarades de lutte, issu d’une vieille famille afrika­aner, les Africains ne sont plus contraints d’habiter dans des bantoustans, mais ils vivent dans un village dévasté par la disparition des infrastructures publiques, tandis que les Blancs se barricadent en haut de la dune. Mais ils ont beau édifier des murs électrifiés pour protéger leurs piscines – alors qu’au village des quartiers entiers n’ont ni eau courante ni électricité –, faire patrouiller des chiens d’assaut pour garder leurs jardins et leurs maisons, ils ne peuvent empêcher les vols et les agressions. La violence est partout, entre Blancs et Noirs évidemment mais aussi au sein des populations métis et noires ravagées par le chômage, les trafics, la corruption dus aux pouvoirs politiques et le crack. Un constat romancé, mais surtout révolté, porté par des personnages qui n’ont pas abdiqué du combat de leur jeunesse et refusent de se résigner à l’impuissance. Mais sans cadre d’action collective, chacune de leur tentative les renvoie aux contradictions d’une société qui broie impitoyablement les individus. Un cri de colère à découvrir.

Cathy Billard