Publié le Samedi 11 mai 2024 à 13h00.

Machine, de Thomas Bidegain et Fred Grivois

Série française. Saison 1 disponible sur Arte.tv jusqu’au 18 mai 2024.

Primée au festival Série Mania, cette série en 6 épisodes allie de façon inattendue marxisme et kung-fu. L’action se déroule dans l’est de la France dans une usine de fabrication de machines à laver en passe d’être rachetée par des Coréens à un patron français. Cela met en conflit d’un côté des salariéEs partisans d’un bon accord de reprise au moyen notamment de la grève pour faire pression sur les négociations, et de l’autre celleux partisans de reprendre l’usine en autogestion « comme les Lip ».

Réformistes contre révolutionnaires, staliniens contre gauchistes… Le clivage est certes intéressant mais sa déclinaison commence plutôt mal, avec une charge quelque peu exagérée contre les délégués syndicaux partisans de la première voie. Ainsi la déléguée CGT interdit-elle à l’héroïne intérimaire l’accès à la cantine au prétexte que : « la cantine, c’est comme la lutte, c’est réservé aux employés ». En plus, lorsque le principal partisan de l’autogestion clame : « le patronat et les syndicats nous font croire que l’on a besoin d’eux, alors que c’est l’inverse » et « cette usine, elle est à nous ! », cela sonne ici paradoxalement presque libertarien, du genre : « À bas les syndicats, chacun peut créer sa boîte, pourquoi pas nous ! »

Cependant, au fil des épisodes et de la lutte (qui fait évoluer les consciences, ce qui est raccord avec le marxisme), le scénario s’affine, les positions évoluent au gré des chocs entre les divers protagonistes : la déléguée CGT rejoint les autogestionnaires, l’héroïne intérimaire qui la jouait perso, mise sur le collectif, devient marxiste ou presque. 

Le tout émaillé de citations de Karl Marx qui sonnent comme autant de punchlines : « Les héros du peuple sont immortels » ou encore « Les dernières paroles sont pour les imbéciles qui n’ont rien dit de leur vivant ». Sans oublier une Internationale entonnée dans une église et de réjouissantes scènes de combat dans lesquelles les méchants, machos et/ou casseurs de grève et de rêve se prennent de bonnes mandales par l’héroïne. La série est déconseillée aux moins de 12 ans.

Au final, une pochade, qui se veut comme telle, inspirée notamment des films de Quentin Tarantino, ambiguë peut-être parfois mais qui, comme on dit, donne à penser. Et puis, argument décisif en sa faveur : le critique du Nouvel Observateur l’a descendue en flèche...

A. Lorenzati