Double CD Warner, 18 euros
Gérard Manset s’est fait connaître en mai 1968. Ce n’était certes pas en défilant en tête de cortège mais pour déclarer qu’« Animal, on est mal ». Peu probable d’ailleurs que cet ermite, natif des beaux quartiers de Saint-Cloud ait manifesté. Pourtant, après 19 albums distillés au compte-goutte, Manset s’est sculpté une image de vigie de notre monde déréglé-dérégularisé. Pour son retour, après six ans d’absence depuis son dernier opus « Manitoba », il s’est attelé à fouiller dans sa longue discographie pour revisiter 17 morceaux pas forcément en « solitaire » et délivrer un inédit qui a donné son nom à ce nouvel opus : « Un oiseau s’est posé ».
Gérard Manset a donc invité quelques amis (Mark Lanegan, Paul Breslin, Axel Bauer, dEUS et Raphael) pour, loin de toute nostalgie, aborder quelques perles de son répertoire sous des angles nouveaux. Marc Lanegan (ex-Queen of the stone age) chante donc en anglais et en français une « Élégie funèbre » souveraine tandis que dEUS revisite entièrement le fameux « Animal on est mal ». De son côté, le guitariste américain Paul Breslin adapte en anglais l’unique tube de Manset, « Il voyage en solitaire », qui devient « No man’s land motel ».
Pour sa part, Manset n’a jamais aussi bien joué et chanté. C’est donc un long chemin de mots et de notes qui pourront vous accompagner pendant des nuits entières. Ainsi « Matrice » est doté d’un son massif tandis que « Genre humain » est dépouillé de tout artifice, et « Lumières » n’aura jamais autant sonné tristes tropiques... « Entrez dans le rêve » et souhaitez que Manset ne mette pas six ans pour nous concocter un nouvel album.
Sylvain Chardon