De Hubert Sauper, sortie le mercredi 16 septembre
«Nous venons en amis », c’est la phrase de tous les colonisateurs pour amadouer celui qu’ils se préparent à dominer. Le film se déroule au Soudan autour de 2011, lorsque, après des années d’une guerre épouvantable, le Sud accède à l’indépendance. Il montre que les espoirs vont être vite déçus. Les « amis » du Soudan, ce sont au premier chef les Chinois et les Américains, attirés par les richesses naturelles du pays, en premier lieu le pétrole, mais aussi la terre. Ainsi, ils prennent la succession des différentes puissances qui ont découpé l’Afrique.
Hubert Sauper (qui avait auparavant réalisé le Cauchemar de Darwin où il dressait un tableau de l’exploitation du lac Victoria) a parcouru le pays à bord d’un petit avion. Les Chinois qui exploitent le pétrole vivent comme sur une planète étrangère. Les fonctionnaires de l’ONU sont d’une profonde naïveté. Un missionnaire américain n’hésite pas à déclarer que Dieu s’exprime par sa bouche. Un ambassadeur américain inaugure en grande pompe une centrale électrique. Un dirigeant du Sud-Soudan se déclare prêt à faire des baux à long terme de vastes étendues de terres. Les militaires se préparent aux prochains conflits, qui ont effectivement éclaté (d’abord une guerre entre Sud et Nord pour le pétrole, puis une guerre civile au Sud, toujours en cours...). Les paysans sont expulsés de leurs terres et victimes des eaux polluées.
Mais les séquences se succèdent sans, parfois, que l’on comprenne bien où l’on est (au Nord ou dans le nouvel État du Sud), ainsi que l’arrière-plan exact des situations, au-delà de l’idée (juste) que l’Afrique subit depuis plus d’un siècle des impérialismes rivaux qui corrompent les dirigeants des différents États.
Henri Wilno