Publié le Mercredi 6 avril 2022 à 12h44.

Occupied, d’Erik Skjoldbjærg

Scénario : Jo Nesbø (celui des polars). Disponible en intégralité en replay sur arte.tv jusqu’en décembre 2022.

«La Russie occupe la Norvège avec l’assentiment de l’UE pour s’approprier son pétrole. Face à cette occupation "douce", citoyens et politiques norvégiens doivent faire un choix : résister ou collaborer ? » (Arte)

Une brûlante actualité

Un pays producteur de pétrole. Face au défi climatique, le parti écologiste inscrit dans son programme la fin de l’exploitation des hydrocarbures. Ce parti, sur ce programme, obtient la majorité. Un Premier ministre écolo (non, ce n’est pas Y. Jadø !) est donc nommé par le roi (eh oui, la Norvège est une monarchie...) et, contrairement à ce que peuvent imaginer des électeurs français, celui-ci tient ses promesses et ferme le robinet.

La Russie intervient militairement et prend le contrôle des installations pétrolières et gazières de la Norvège... Précision intéressante, le commanditaire de l’opération est l’Union européenne, qui ne peut se passer des hydrocarbures norvégiens.

Cas de conscience...

Que faire ? Résister, collaborer, trouver une troisième voie ? Il est confortable de penser que dans une telle situation, l’unE ou l’autre, toi, moi, aura les idées claires. Il est aussi très facile de comprendre le nœud qui se resserre dans le cerveau des personnages principaux, dès lors que l’on s’abandonne à un peu d’empathie, voire de complaisance (ce qui, avouons-le, est souvent le sort des amateurEs de série). Mais ce n’est pas si simple... Le processus commun, l’identification à un héros positif, devient alors une épreuve... Le « bon » est-il celle ou celui qui va tout faire pour sauver la paix ou celle ou celui qui va vouloir sauver l’intégrité territoriale de son pays ?

… et suspense !

Le cadre étant posé, la série peut s’écouler comme il convient de le faire, entretenant diverses strates de suspense, nous conduisant à nous reconnaître successivement dans des personnages contradictoires (qui est le ou la terroriste, qui est la ou le résistantE ?), sans grande certitude d’ailleurs, une fois intégrée la règle de base : la politique et la morale peuvent entrer en collision sous l’effet de la réalité géo-socio-politique. Et comme il s’agit d’une série scandinave, les femmes et les « minorités visibles » ont toute leur place dans l’intrigue. Et comme il s’agit d’une série scandinave, la neige, le froid et la musique (puissante) se répondent pour établir une atmosphère inquiétante et boréale.

Un bon moment à passer, pour finir la soirée, en revenant de l’ultime collage ou de la dernière dif de la campagne du premier tour...