Éditions Gallmeister, 2023, traduction Juliane Nivelt, 496 pages, 25,80 euros.
Quatre personnages pour quatre époques dans cet étonnant roman choral. On découvre en premier lieu Samson, chasseur de bisons dans les Grandes Plaines en 1873, à la recherche d’un avenir meilleur. Un siècle plus tard, apparaît Béa, adolescente internée en psychiatrie, alors qu’elle erre, enceinte, dans la même région. En 2027, Paul, un ingénieur, reconstruit une ville flottante sur les ruines de La Nouvelle-Orléans tandis que les changements climatiques annihilent progressivement les métropoles. 2073, alors qu’elle vit sur Mars, Moon s’interroge sur la survie de l’humanité et ce qu’il est advenu de la Terre.
En butte à la catastrophe
Un fil relie tous ces personnages, chacun en marge par rapport à son époque. Ce qui les unit, et dont iels héritent chacunE, c’est une drôle de fièvre ardente qui les pousse à vouloir autre chose, une folie douce, qui se nourrit d’une sourde inquiétude face au futur, d’une prescience de la catastrophe, et en même temps anime l’espoir tenace d’une autre vie.
Parcourir la terre disparue n’est pas un roman post-apocalyptique axé sur la survie de petites communautés, réduites au combat et à l’affrontement pour les ressources. Ce n’est pas non plus une dystopie. Il ne célèbre pas plus des sociétés futures aux grandes avancées technologiques.
C’est un roman qui montre le caractère vain des recherches de solutions techniques, scientifiques, pour faire face à l’effondrement qui approche. Mais tout en montrant ce fait, sans être professoral, ce livre n’est pas plombant, déprimant. Captivant, impossible à reposer, ce beau premier roman est même un peu onirique. Paradoxalement, il permettrait presque de nourrir une certaine espérance quant au futur…