Par Aura Xilonen. Traduit de l’espagnol (Mexique) par Julia Chardavoine, Liana Levi, 2016, 22 euros.
Liborio a seize ans. Il est entré aux États-Unis de façon illégale et au péril de sa vie, venant du Mexique où il n’avait plus rien à perdre, notamment pas sa famille. Maigre comme un clou, complètement en carence alimentaire, bourré de vers, sale et malodorant, il trace sa route sans états d’âme. Sauf quand il tombe amoureux de la jeune fille qui vit en face de la librairie hispanique où il se fait exploiter et insulter au quotidien par un petit blanc qui n’a qu’une seule qualité : être fou de littérature. Une passion que Liborio découvre et partage pendant ses nuits enfermé dans la boutique.
Habitué à se défendre, Liborio n’a aucune inhibition dans les coups qu’il donne ou qu’il rend, un talent qui de fil en aiguille va faire de lui un champion de boxe. Son langage, mêlant argot, spanglish et mots inventés par lui, est aussi direct que ses coups. Il multiplie à la fois les ennemis et les gens qui vont essayer de l’aider, pas toujours de façon désintéressée d’ailleurs... Ainsi le cas d’une journaliste avide d’un merveilleux et sentimental reportage sur le petit immigré qui sauve la belle américaine au péril de sa vie.
Gabacho a été écrit par une jeune mexicaine de 19 ans, immigrée quelque temps en Allemagne, mais c’est une œuvre de fiction. Un roman fortement caricatural, ou pas assez peut-être, tirant sur toutes les ficelles et les archétypes mais dans un cadre très réaliste. Écrit dans un style semi parlé, très agréable à lire, il est incroyablement vivant, dans une veine très étatsunienne, bon sentiment et happy end inclus. Les immigréEs, un sujet dont la littérature française peine à s’emparer...
Catherine Segala