De Fred Varga. Flammarion, 2015, 19,90 euros.
Quoi de plus improbable que de réussir à écrire un excellent polar à partir de deux intrigues parfaitement exotiques et apparemment sans liens ? C’est pourtant ce qu’arrive à faire avec brio Fred Vargas dans son nouveau roman.
Le lecteur est invité à voyager à travers les tumultes de la Révolution française et les tempêtes glaciales du grand Nord islandais, sans qu’à aucun moment il ne se sente perdu, sans qu’à aucun moment on ne puisse imaginer que Fred Vargas ait cédé à la tentation de nous éblouir par un pur « effet de performance ». L’incrédulité éventuelle du lecteur qui pourrait être tenté par un tel a priori disparaîtra au fil des chapitres, car Fred Vargas sait où elle va et où elle veut nous emmener, maîtrisant parfaitement son sujet, précise dans les moindres détails historiques ou géographiques.
On prendra grand plaisir à découvrir cette secte robespierriste, plus vraie que nature, qui se rejoue les grandes heures de la Révolution, des séances de l’Assemblée constituante à celles de la Convention. Enfin, les addicts aux héros pathétiques de Fred Vargas retrouveront avec bonheur le très déjanté commissaire Adamsberg et son acolyte alcoolique, l’érudit commandant Danglard, à deux doigts de perdre définitivement la raison dans cette rocambolesque enquête dont le suspens nous laissera haletants jusqu’à la dernière page.
Alain Pojolat