Publié le Vendredi 26 février 2016 à 20h08.

Télé : Baron noir

(Un peu de) politique (beaucoup de) fiction... Canal Plus, la chaîne de Bolloré, diffuse une nouvelle série (pour celles et ceux qui peuvent payer), Baron noir. Cette série en huit épisodes est présentée dans les médias comme la première série politique française.

À quelques jours du second tour de l’élection présidentielle, le président sortant est opposé au leader du Parti socialiste. Rickwaert (Kad Merad) est député d’une circonscription du Nord, proche du candidat PS. Pour mener la campagne présidentielle, il a dû trouver des liquidités, en puisant dans les caisses de l’office HLM du coin…Avant que la police n’intervienne, le député socialiste va combler en partie le trou de trésorerie et demander au trésorier de porter la responsabilité des faits (cela va le pousser au suicide...). Le candidat PS est donc finalement élu mais lâche son « ami » qui l’a aidé dans sa campagne. La série va donc raconter comment Rickwaert va se venger du président élu et comment celui-ci va tenter de se défendre. De façon romancée, la série montre coups bas (pour empêcher l’élection de la nouvelle secrétaire nationale), barbouzeries (causer un incident dans un « bureau de vote Stal »...) et tactiques pour que le député Rickwaert puisse se « venger ».

L’épisode 4 tourne autour d’un mouvement de lycéens de bac pro. Rickwaert est à la manœuvre pour soutenir ce mouvement (à des fins personnelles...). Les lycéens se réunissent en coordination. L’extrême gauche (LO et NPA) est là. Les organisations de jeunes du PS font le coup de force pour rentrer à l’AG : l’enjeu est pour eux de faire choisir une date de manifestation nationale qui soit suffisamment tôt pour que cela soit un échec... Dans son bureau, le président, ses ministres et conseillers se demandent qui ils peuvent « retourner » pour faire adopter « leur » date : c’est le NPA... Car le parti a des dettes pour son local. Le président fait donc appeler « Riton » (un ancien trotskiste), puis un camarade jeune du NPA (avec keffieh et autocollant) pour faire voter la date souhaitée par le président…

Au-delà de cette attaque grossière ici contre le NPA, la série laisse penser que finalement tout le monde se vaut, que le « monde politique » n’est pas tant une question d’idées mais de « chefs ». Finalement assez peu de programme politique dans tout ça. Mais beaucoup d’égos malsains (« Nous ne sommes pas des pourris, nous ne sommes pas des voleurs, nous sommes des militants », dit Rickwaert dans le 1er épisode). C’est aussi une charge contre le PS et c’est mérité. Dommage qu’elle ne soit pas un peu plus politique . La droite et le FN sont plutôt épargnés, et pourtant dans la réalité… 

Au final, presque d’un thriller, plutôt sympathique sur certains détails (par exemple Xavier Mathieu en leader CFDT en grève) et assez bien rythmé. Mais qui dans le fond légitime « le pouvoir » en tant que combat de personnes plutôt que comme un combat d’idées.

Julien No