Publié le Mardi 9 juin 2015 à 07h21.

Etats-Unis : Les émeutes, la révolte et la classe ouvrière noire

Les manifestations et affrontements de Baltimore, venant après ceux de Ferguson, l’apparition du mouvement Black Lives Matter (« Les vies noires comptent ») s’inscrivent dans une longue tradition de lutte des travailleurs et des pauvres afro-américains. L’article ci-dessous, tiré du site de l’ISO (International Socialist Organization) socialistworker.org 1, replace les événements actuels dans cette perspective historique (traduction Jean-Philippe Divès).

Pour qui connaît un peu les grande révoltes urbaines afro-américaines des années 1960, le soulèvement de ces dernières semaines à Baltimore présente des traits familiers.

Le dernier épisode est une saga en cours de violence policière raciste – dans ce cas, mortelle –, suscitant l’indignation des Afro-américains qui descendent dans la rue. La police se montre hyper agressive, mais les jeunes travailleurs noirs, lassés de voir les flics commettre des meurtres impunément, ripostent. Des politiciens paniqués dénoncent les « émeutiers » dans des termes racistes à peine voilés. Le gouverneur envoie la Garde nationale réprimer le soulèvement avec des moyens considérables.

Mais tout cela s’est déjà produit il y a 50 ans. La différence réside aujourd’hui dans le contexte social, économique et politique. Les révoltes des années 1960 se sont déroulées alors que le mouvement des droits civiques dans le Sud était à son sommet, et dans le cadre d’une économie de plein emploi. Celle de Baltimore est le produit du démantèlement des acquis de ces luttes précédentes.

Les travailleurs afro-américains souffrent aujourd’hui du déclin structurel des emplois industriels, d’une baisse catastrophique de leur richesse du fait de la crise immobilière, des coupes dans les services sociaux et de la politique d’incarcération de masse dont ils sont victimes. Alors que dans les années 1960 les militants disaient s’en prendre à « L’Homme », en se référant à la structure du pouvoir raciste blanc, la jeunesse de Baltimore fait aujourd’hui face à un maire qui est une femme afro-américaine : Stephanie Rawlings-Blake, la représentante locale d’un establishment national noir qui inclut les ancien et nouveau procureurs généraux ainsi que le président des Etats-Unis.

Le mouvement Black Lives Matter (« Les vies noires comptent ») doit donc s’affronter non seulement au legs de siècles de racisme, mais aussi aux divisions de classe qui séparent la majorité travailleuse de l’establishment politique afro-américain et de la petite mais influente couche de patrons et dirigeants d’entreprise noirs.

Evidemment, beaucoup de figures politiques noires sont sincères dans leur indignation face à la violence policière et aux attaques contre les droits civiques. Le député John Lewis de Géorgie, un héros du mouvement des droits civiques il y a un demi-siècle, était clairement affecté lors du cinquantième anniversaire de la Marche vers Washington, en 2013, quand il évoquait l’attitude de la Cour suprême des Etats-Unis, réduisant à sa plus simple expression la loi sur les droits de vote de 1965.

La question n’est cependant pas les intentions personnelles de Lewis, mais les intérêts de classe que défend l’establishment afro-américain. Lorsque la maire de Baltimore, Rawlings-Blake, dénonce les jeunes Noirs comme des « voyous », ou que le pasteur Al Sharpton compare les militants de Black Lives Matter à Ferguson (Missouri) à des « souteneurs », ils montrent clairement que leurs intérêts sont liés à l’ordre social existant.

Les divisions de classe de l’Amérique noire

La divergence entre les orientations du mouvement Black Lives Matter et la relativement conservatrice classe moyenne afro-américaine est plus évidente que jamais. Mais ce n’est pas nouveau. Les divisions de classe dans l’Amérique noire avaient été mises en évidence lors des révoltes urbaines des années 1960, qui avaient conduit à la formation des organisations politiques de l’ère du Black Power […]

Les émeutes de rue du milieu des années 1960 ont éclaté dans les villes du Nord et du Midwest alors que le mouvement des droits civiques atteignait son apogée, avec le vote des lois sur les droits civiques fédéraux et sur les droits de vote. Tout en étant le plus souvent déclenchées par des violences policières, elles constituaient aussi une expression de la radicalisation politique de la majorité afro-américaine, en dehors du Sud. Dans le Midwest et le Nord, malgré le plus grand boom économique de l’histoire des Etats-Unis, les Afro-américains étaient eux aussi confrontés à une ségrégation au logement et à l’éducation, ainsi qu’à des taux de chômage et de pauvreté disproportionnés.

C’est dans ces conditions explosives que la terreur policière raciste – héritière de 250 ans d’esclavage et de lynchages, prolongés par encore un autre siècle d’apartheid dans le Sud – fut le détonateur. A l’été 1964 […], il y a eu des émeutes dans une série de villes du Nord […] Interrogé alors qu’il se trouvait en Egypte, le révolutionnaire noir Malcolm X attribua l’émeute de New York City aux « tactiques de peur » de la police, visant à intimider les Noirs. « Cela ne marchera pas, car les Noirs n’ont pas peur », disait-il ; « si ces tactiques ne changent pas, cela pourrait provoquer une escalade très, très sérieuse. »

[…] Les Afro-américains s’affrontèrent à la police dans des combats de rue qui s’élargirent à des destructions de propriétés et des pillages de commerces considérés comme profitant des consommateurs noirs. Mais dans le contexte du mouvement de masse pour les droits civiques, les affrontements au Nord avaient aussi une dimension sociale et politique.

 

Watts, point de bascule

Cette dynamique est devenue évidente l’année suivante, lors des émeutes de Watts, à Los Angeles […] Son ampleur, son caractère et sa portée en ont fait un point de bascule entre le mouvement des droits civiques basé dans le Sud et la révolte du Black Power […]

Les succès électoraux de la droite californienne avaient jeté les bases de la révolte. En novembre 1964, un référendum avait vidé de leur contenu les lois de l’Etat sur l’égalité d’accès au logement, montrant ainsi aux travailleurs noirs que l’Etat prétendument libéral perpétuait la ségrégation raciale quand bien même elle était mise hors-la-loi dans le Sud. Le mois suivant, une étude du ministère US du commerce, intitulée « Le noyau dur du chômage et de la pauvreté à Los Angeles », détaillait la crise du logement, le taux élevé des maladies et d’autres problèmes. En mars 1965, cinq journées successives de manifestation pour les droits civiques avaient illustré la montée du militantisme noir dans la ville.

Telle était la toile de fond politique du soulèvement de Watts. L’agression policière d’un conducteur noir ne fut que le déclencheur. Débutée le 11 août 1965 – quelques jours après que le président Lyndon Johnson eut promulgué la loi sur les droits de vote –, la rébellion stupéfia le pays du fait de son caractère insurrectionnel. Le 17 août, l’émeute avait embrassé 46 miles carrés et fait 34 morts, dont un seul Blanc. Il y avait eu 1032 blessés et la police avait arrêté 3952 personnes […] Au plus fort de la crise, la Garde nationale patrouillait dans les rues du centre-ville.

Watts montra que la conscience populaire noire avait dépassé le cadre du mouvement des droits civiques. Lorsque quelques jours après les émeutes, Martin Luther King et l’artiste et militant Dick Gregory se rendirent sur place, des travailleurs noirs huèrent King, qui avait condamné les pillages […]

Dans une déclaration à la presse d’août 1965, King offrit une analyse : « après avoir visité la zone des récentes émeutes et parlé à des centaines de gens de toutes les couches sociales, mon opinion est que ces émeutes sont le produit du désespoir qui étreint des gens qui ne voient pas de solution à leurs difficultés économiques […] Il y a aussi une désillusion et un ressentiment croissants envers la classe moyenne noire et la direction qui en a émergé. Cette brèche qui ne cesse de s’élargir est un problème sérieux, qui conduit au sentiment de se retrouver seuls et de devoir recourir à n’importe quel moyen pour attirer l’attention sur sa situation. Le mouvement non-violent du Sud signifie peu de choses pour eux, dans la mesure où nous avons combattu pour des droits dont en théorie ils bénéficiaient déjà. »

Watts a obligé King à développer une nouvelle stratégie. Dans les deux ans et demi suivants, l’action militante des travailleurs noirs – y compris de nouvelles rébellions de rue – l’amenèrent à redéfinir ses priorités, de la lutte pour le libre accès au logement à Chicago jusqu’à sa campagne en défense des pauvres au moment de son assassinat, trois ans plus tard.

 

Une « négociation collective par l’émeute »

Ces luttes ont été ponctuées d’autres émeutes. En 1966, le ghetto noir de Cleveland, Hough, se soulevait. Il s’ensuivit une vague de militantisme politique noir, ouvrant la voie à l’élection de Carl Stokes comme premier maire afro-américain d’une grande ville. Mais Stokes, qui bénéficiait du soutien des milieux d’affaires libéraux, se retrouva confronté au défi militant d’une organisation nationaliste noire.

Dans le même temps, à Oakland (Californie), deux jeunes militants afro-américains, Huey Newton et Bobby Seale, firent de la violence policière leur priorité immédiate en formant le Black Panther Party – mais en liant cette question à un programme pour l’émancipation des Noirs à travers un programme en dix points, qui exigeait le plein-emploi pour les Noirs et des réparations pour l’esclavage.

L’année 1967 vit de nouveaux et massifs soulèvements des Noirs. Encore une fois, le détonateur fut la violence policière. Mais d’autres revendications entrèrent en jeu. A Newark, dans l’Etat du New Jersey, des travailleurs noirs protestaient contre la machine politique raciste du Parti démocrate qui bloquait la représentation politique des Afro-américains. Quelques jours plus tard, Detroit – alors le centre de l’industrie automobile US – explosait en réponse à des violences policières.

Comme la Commission nationale sur les causes et la prévention de la violence le montra dans un rapport, la plupart des participants aux émeutes ne faisaient pas partie d’une « sous-classe » au chômage […] Dans le cas de Watts, selon le rapport, « la grande majorité » des émeutiers était « actuellement salariée », bien que 25 % des diplômés de l’enseignement secondaire se trouvaient au chômage. A Detroit, selon ce rapport, « l’émeutier moyen était un adolescent ou un jeune adulte, résidant de longue date dans la ville, ayant décroché de l’école ; il était cependant plus éduqué que ses voisins noirs n’ayant pas participé aux émeutes, et se trouvait en général sous-employé ou employé dans des petits boulots. Il était fier de sa race, extrêmement hostile tant aux Blancs qu’aux Noirs de la classe moyenne et, bien qu’informé des questions politiques, très méfiant envers le système politique. »

Les soulèvements réussirent souvent à arracher des concessions aux autorités locales, régionales et nationales, par exemple une baisse du harcèlement policier ou des dépenses sociales accrues. Les Independent Socialists, prédécesseurs de l’ISO, donnèrent à cette dynamique le nom de « négociation collective par l’émeute ».

 

Vers les lieux de travail

L’action militante des travailleurs noirs se transposa rapidement aux lieux de travail où les travailleurs disposaient de droits collectifs. En 1968, le syndicat UAW (United Auto Workers) estimait que près de la moitié des travailleurs des usines automobiles de la zone de Detroit étaient des Noirs. En mai de cette année, les travailleurs afro-américains de l’usine Chrysler de Dodge Main lancèrent une grève sauvage et une nouvelle organisation, le Mouvement syndical révolutionnaire de Dodge (DRUM). Comme en témoigne le livre Detroit. I Do Mind Dying, ce n’était pas une action spontanée, mais le produit d’années d’organisation, accéléré par l’éveil de la rébellion de 1967. Le DRUM donna naissance à un réseau plus large, la Ligue des travailleurs noirs révolutionnaires.

Comme le Black Panther Party, la Ligue revendiquait le nationalisme noir et le socialisme. Mais à la différence des Panthers, elle affirmait que les travailleurs noirs avaient spécialement intérêt à une transformation socialiste de la société et à la formation d’un pouvoir politique qui permette de la réaliser. Comme l’un de ses dirigeants, John Watson, l’affirmait, « nous nous opposons à l’idée que la solution à nos problèmes serait un nouvel establishment économique avec des capitalistes noirs, des propriétaires d’entreprise noirs, exploitant des travailleurs noirs comme les Blancs le font aujourd’hui. Nous voyons la solution au problème non comme simplement la constitution d’une communauté nationale, mais comme celle d’une communauté où sera éliminée toute forme d’exploitation et d’oppression. »

La Ligue des travailleurs noirs révolutionnaires fut à cette époque le plus avancé des regroupements militants noirs, et eut un écho significatif dans le mouvement ouvrier. Concentrés dans des secteurs clés de l’industrie, confrontés à des patrons qui les cantonnaient aux emplois les plus pénibles et dangereux, et frustrés par des responsables syndicaux qui ne défendaient pas vraiment leurs intérêts, les militants afro-américains s’emparèrent de questions qui concernaient également les travailleurs blancs – dont beaucoup participèrent aux grèves sauvages et à d’autres actions dirigées par des Noirs. Ils jouèrent un rôle central dans les mouvements de grève des années 1970.

 

L’establishment noir et le Parti démocrate

Après l’assassinat en 1968 de Martin Luther King, les actions de la classe ouvrière noire entrèrent en confrontation directe avec l’Etat, dans ce qui fut le mouvement de contestation populaire le plus important depuis la Guerre civile. L’historien Clay Risen soulignait que les émeutes avaient touché 125 villes des Etats-Unis. « A Washington, Chicago et Baltimore, il fallut des dizaines de milliers de soldats de l’armée régulière et de Marines » pour réduire les soulèvements. « Quant ils prirent fin, 39 personnes avaient été tuées, 2600 blessées et 21 000 arrêtées […] ». A Washington, les manifestants parvinrent à deux rues de la Maison-Blanche.

Les « émeutes Martin Luther King », comme on les dénomma alors, furent les plus importantes des années 1960. Par la suite, la classe moyenne noire connut une expansion rapide, le nombre des élus noirs se multiplia et l’enseignement supérieur, les services gouvernementaux et le grand patronat adoptèrent sous la pression du mouvement de masse des programme d’affirmative action2.

La Parti démocrate devint une voie rapide pour l’establishment noir, drainant jusqu’à d’ex-révolutionnaires comme Bobby Rush, un ancien Black Panther de Chicago […] La Convention politique nationale des Noirs tenue en 1972 à Gary (Indiana), ville du premier maire afro-américain,  marqua pour de nombreux militants des droits civiques et du pouvoir noir la transition vers la normalité du Parti démocrate.

Il ne fallut pas longtemps pour que les divisions de classe de l’Amérique noire apparaissent ouvertement. En 1973, Maynard Johnson, le nouveau maire afro-américain d’Atlanta, brisa une grève de travailleurs noirs de la santé – cinq ans seulement après que Martin Luther King eut été assassiné à Memphis (Tennessee) alors qu’il y soutenait une grève de travailleurs noirs de la santé.

Atlanta devint pourtant le modèle d’une nouvelle génération de politiciens afro-américains, tel Harold Washington, qui surmonta l’opposition raciste pour se faire élire maire de Chicago en 1983. De nombreuses villes, théâtre des plus fortes rébellions des années 1960 – y compris Newark et Detroit –, se retrouvèrent gérées par des maires noirs. En même temps, les conditions de vie de la majorité noire continuaient de se détériorer.

 

Los Angeles 1992, un « soulèvement social »

Le plus grand soulèvement urbain de l’histoire des Etats-Unis survint en 1992 à Los Angeles. Cette fois, l’étincelle fut l’acquittement de quatre flics jugés pour le tabassage d’un automobiliste noir, Rodney King. Le maire était alors Tom Bradley, un ex-flic afro-américain en place depuis 19 ans […] Une démonstration de force écrasante finit par réduire l’émeute au bout de quatre jours, mais mit aussi en évidence l’ampleur de la confrontation. Stanley Sheinbaum, président de la commission de police de Los Angeles, déclara : « vous avez là un soulèvement social. »

Quoique fréquemment qualifié d’« émeute raciale », parce qu’ayant eu son épicentre dans les quartiers afro-américains, le soulèvement de Los Angeles fut en réalité une rébellion multiraciale des travailleurs et des pauvres contre l’inégalité et le racisme. Comme l’affirmait le journaliste de Los Angeles Luis Rodriguez, « dans tout le pays, toute sorte de gens ont protesté contre le verdict dans l’affaire Rodney King, indépendamment de leur couleur de peau. On continue à nous gaver avec la ‘’race’’, mais la question est ici de classe. La violence à Los Angeles a été la première grande réponse sociale à une révolution économique qui a commencé il y a des années. »

La « révolution économique » à laquelle Rodriguez se réfère – le transfert de richesses des travailleurs vers les riches, le recul des dépenses sociales et les politiques pro-patronales connues sous le terme de néolibéralisme – a créé un cadre radicalement différent. Les révoltes noires de l’époque de Watts se produisaient dans le cadre d’attentes vis-à-vis d’une économie en expansion, après une décennie de lutte pour les droits civiques et de mouvements larges anti-guerre et sociaux […]

 

Le défi de Baltimore

Après la rébellion de Los Angeles, la répression au nom de « la loi et l’ordre » atteignit des niveaux inégalés. En 1994 en Californie, les électeurs approuvèrent par référendum des peines incontournables de 25 ans de prison pour quiconque était condamné trois fois dans des affaires pénales. La même année, Bill Clinton et le Congrès contrôlé par les Démocrates adoptèrent la loi sur la surveillance des crimes avec violence et l’application de la Loi, qui aggrava les peines de prison et fit décoller les dépenses pour le système carcéral. « Les gangs et la drogue se sont emparées de nos rues et ont miné nos écoles », déclarait Clinton en faisant sien le langage raciste codé des Républicains. Ces lois conduisirent à une incarcération de masse des hommes afro-américains et à ce que l’auteure Michelle Alexander a appelé « un nouveau Jim Crow »3, suite à la perte de droits démocratiques (droit de vote et accès à l’emploi) des hommes noirs comme conséquence de leur emprisonnement ou de restrictions légales après jugement.

La pression sociale et politique exercée sur l’Amérique noire s’est intensifiée après la Grande Récession de 2009, qui a effacé ce que les Afro-américains avaient accumulé depuis des décennies. L’élection du premier président afro-américain et le développement consécutif de l’establishment politique noir n’ont rien fait pour inverser cette tendance.

La rébellion de Baltimore est une réponse à cette situation. Si la cause immédiate a été, comme à Ferguson, la violence raciste de la police, la lutte qui s’est engagée pose de nouvelles questions, non seulement sur les cas rampants d’abus policiers dans tout le pays, mais aussi sur les intérêts de l’establishment politique noir qui gère Baltimore.

Un demi-siècle après que Martin Luther King avait vu dans la rébellion de Watts la preuve d’« une désillusion et un ressentiment croissants envers la classe moyenne noire et la direction qui en a émergé », une nouvelle génération parvient à des conclusions similaires. A l’époque, cette crise avait favorisé le développement du mouvement du Black Power ainsi que des politiques révolutionnaires aux Etats-Unis. Aujourd’hui, le mouvement Black Lives Matter est confronté au défi de construire sa propre alternative politique dans la lutte qui se poursuit pour la justice et la libération raciales.

Lee Sustar

  • 1. http://socialistworker.o…. Les intertitres sont de notre rédaction. Quelques coupes ont été effectuées et sont signalées entre crochets. Sur Ferguson et le contexte actuel, voir l’article de Stan Miller, « A Ferguson, révolte contre un système d’oppression », revue l’Anticapitaliste n° 60 de décembre 2014.
  • 2. « Discrimination positive » selon la – mauvaise – traduction française de ce terme, qui désigne une action de rééquilibrage en faveur des minorités marginalisées.
  • 3. Les « lois Jim Crow » désignent les mesures de ségrégation raciale mises en place dans le sud des Etats-Unis entre 1876 et 1965.