Publié le Dimanche 1 novembre 2015 à 08h54.

Jeunesse : 2002-2010, une chronologie

2002 : contre Le Pen au second tour de la présidentielle

La présence au second tour de l’élection présidentielle de 2002 de Jean-Marie Le Pen, devançant Lionel Jospin, le premier ministre PS qui avait mis en place de nombreuses lois antisociales, est vécue comme un coup de tonnerre. Dès le soir même et pendant les deux semaines de l’entre-deux tours, la jeunesse descend massivement dans la rue, dans un mouvement qui finit par entraîner plus d’un million de personnes. Ces manifestations constituent la première expérience de lutte pour de nombreux jeunes qui se mobiliseront à nouveau dans les années qui suivent.

 

2003 : mouvement contre la guerre en Irak

Alors que les Etats-Unis se lancent dans une nouvelle entreprise guerrière dans la foulée du 11 septembre 2001, un mouvement mondial d’opposition à la guerre se fait jour. Des manifestations se multiplient à travers le monde. En France, il faut batailler dans le mouvement pour expliquer que l’opposition du gouvernement français à cette guerre ne sert qu’à défendre ses propres intérêts impérialistes.

 

2005 : mouvement lycéen contre la loi Fillon

Des milliers de lycéens prennent la rue pour contester cette réforme de casse de l’éducation. Le mouvement dure plusieurs semaines et voit apparaître une forme de mobilisation originale : le blocage des lycées par les lycéens eux-mêmes. La répression du gouvernement est très forte pour faire taire la contestation. Une campagne unitaire nationale pour la relaxe des poursuivis aura lieu dans la foulée du mouvement.

 

2005 : révolte dans les quartiers populaires

Après la mort de Zyed et Bouna poursuivis par la police à Clichy-sous-Bois, les quartiers populaires se révoltent massivement. Les affrontements avec la police sont omniprésents du fait d’une répression sans égale depuis des années. Le gouvernement instaure le couvre-feu pour en finir avec ce qui constitue une explosion de colère contre le racisme, les violences policières et la misère sociale.

 

2006 : mouvement contre le CPE

Le contrat première embauche aurait permis aux patrons d’embaucher tous les jeunes de moins de 26 ans avec des périodes d’essai de deux ans ! Mais le plus important mouvement de jeunes depuis Mai 68 bloque ce projet et obtient le retrait du CPE. Les manifestations rassemblent à plusieurs reprises plus de trois millions de participants et un début d’extension aux travailleurs se produit. L’auto-organisation, le caractère massif, la radicalité, le début de caractère interprofessionnel font de ce mouvement de jeunesse le plus important de la décennie. La répression se situe à un niveau très élevé : sur un tiers des cas recensés, plus de 4000 interpellations aboutissent à plus de 70 condamnations à des peines fermes. Le retrait du CPE est une victoire sans appel. Mais la loi sur l’égalité des chances (travail de nuit dès 15 ans, généralisation de l’apprentissage, etc.) et le CNE (contrat avec période d’essai de deux ans pour tous dans les entreprises de moins de 50 salariés) sont adoptés. 

 

2007 : mouvement contre la LRU

La loi Liberté et Responsabilité des Universités consacre l’autonomie budgétaire des facs. Aujourd’hui, les centaines d’étudiants laissés sur le carreau et les fusions d’universités en sont la conséquence directe. Négociée par la direction de l’UNEF dans le dos du mouvement, la loi est adoptée malgré un mouvement massif mais resté minoritaire.

 

2008 : mouvement lycéen contre Darcos

Les lycéens reprennent la rue massivement contre la loi Darcos et obtiennent le report d’une année de l’application de cette réforme. Darcos finira par être remplacé au poste de ministre de l’éducation nationale.

 

2009 : mouvement Chatel

Chatel réussit en 2009 là où Darcos avait échoué et la loi est finalement adoptée malgré une mobilisation qui s’est construite sur des poches réelles mais trop isolées pour faire reculer le gouvernement à nouveau.

 

2009 : mouvement contre la masterisation

Lancé par les enseignants-chercheurs contre la réforme de leur statut dans les universités, le mouvement s’étend vite aux étudiants qui se battent aussi contre la « masterisation » qui élève au niveau master (bac +5) le niveau d’accès aux concours de l’Education nationale. Ce mouvement contre la déqualification des diplômes finit par perdre. Les débats sur les méthodes d’action et la centralité de la grève y ont occupé une place importante, alors que ce n’était pas évident pour une partie du corps enseignant.

 

2010 : mouvement lycéen contre la réforme des retraites

Quelques universités se mobilisent, mais le vrai mouvement de la jeunesse contre la réforme des retraites est lycéen. Quelques jours avant la journée du 12 octobre, qui est le pic du mouvement dans son ensemble, les lycéens font monter la température, leurs blocages et manifestations fleurissent partout. Mais les directions syndicales gardent la main, refusant la grève générale et l’affrontement qui aurait pût faire reculer le pouvoir.