Lundi 22 août, au second jour de l’université d’été du NPA, une initiative autour du programme de réédition des livres de Maurice Rajsfus a rassemblé une cinquantaine de participantEs.
Animée en duo par Olivier Besancenot et Marc Plocki, membre fondateur de l’Association des AmiEs de Maurice Rajsfus, cette soirée fut l’occasion de revenir, à plusieurs reprises, sur la très longue trajectoire militante de Maurice, ainsi que sur les raisons qui ont amené à la création, en 2021, de l’association qui porte son nom.
Une multitude de livres et articles
En préambule à cet atelier, était projeté le premier des quatre petits films que la journaliste indépendante Clara Menais a consacrés en 2021 à la vie de Maurice 1.
Après avoir rappelé que l’activité militante les avait rassemblés lors des mobilisations antifascistes organisées par Ras l’Front, à l’occasion des marches de protestation contre les centres de rétention ou encore, en 2014, dans le cadre de la liste présentée par le NPA pour les élections européennes, Olivier a insisté sur la disponibilité de Maurice et son art consommé, lors de ses interventions, de tirer le fil des leçons du passé. Sans oublier la création de l’Observatoire des libertés publiques, avec Alexis Violet en 2014, un an après l’assassinat de Makomé par un flic, au commissariat des Grandes Carrières, à l’automne 2013.
Marc a ensuite poursuivi cette présentation en rappelant l’importance de la production éditoriale de Maurice, avec près de 60 ouvrages édités entre 1980 – parution de son premier livre Des Juifs dans la collaboration : l’Ugif 1941-1944 – et 2014, parution de son ultime livre Sommes-nous tous des individus ? Si on ajoute à cet ensemble les 200 numéros du bulletin Que fait la police ? parus entre 1994 et 2014 et les centaines de chroniques et/ou tribunes libres parues pour l’essentiel dans la presse militante et parfois dans Libération et le Monde, la somme des écrits produits en l’espace de 34 ans est impressionnante.
Rééditer Maurice Rajsfus
Presque tous les livres de Maurice étaient introuvables lors de son décès en juin 2020, et la question posée était de savoir ce qu’il convenait de rééditer, dans quel ordre et à quel rythme. Entre études historiques, livres d’intervention, écrits à vocation plus philosophiques et écrits plus personnels, le choix s’est d’abord porté – avec le concours des éditions du Détour qui ont accepté avec enthousiasme de créer une collection dédiée – sur les grandes études historiques. Maurice a souvent joué un rôle de pionnier sur des sujets qui n’intéressaient pas les chercheurs universitaires ou que ces derniers répugnaient à aborder.
Au printemps 2021 ont été réédités Des Juifs dans la collaboration : l’Ugif 1941-1944, pour lequel les ayants droit de Pierre Vidal-Naquet ont donné leur accord pour une reprise de sa préface ; La police de Vichy : les forces de l’ordre françaises au service de la Gestapo, avec une préface inédite de Arié Alimi ; La Rafle du Vél d’Hiv, paru initialement pour les 60 ans de cette ignominie, et 1953 : un 14 juillet sanglant, avec une préface inédite de Ludivine Bantigny et la reprise de la postface de Jean-Luc Einaudi, qui relate un crime colonial méconnu, commis par les flics parisiens, sorte de prémice au 17 Octobre 1961.
Au printemps 2022, quatre autres titres ont suivi : Drancy, un camp de concentration très ordinaire ; Opération étoile jaune ; Paris 1942. Chroniques d’un survivant ; et L’An prochain la Révolution. Les communistes juifs immigrés dans la tourmente stalinienne (1930-1945), avec une préface inédite d’Olivier Besancenot.
En 2023 reparaîtront Quand j’étais Juif, avec une préface inédite d’Alain Brossat ; Une enfance laïque et républicaine, avec une préface de Gérard Delteil ; ainsi que le second tome de Des Juifs dans la collaboration, consacré aux Ardennes, dont le titre définitif n’est pas encore arrêté.
Archives et souvenirs
Pour la suite, les réflexions sont en cours. Les très nombreux écrits sur la police en feront partie – dont le bulletin Que fait la police ? – avec une modulation entre un choix de textes et d’analyses qui seront proposés en version papier et une mise à disposition des autres écrits dans une version numérique accompagnée d’un appareil critique.
L’association des AmiEs de Maurice Rajsfus a ensuite fait l’objet d’une présentation et de ses différentes actions et réalisations depuis sa création au printemps 2021 :
– Inventaire et mise à l’abri des archives, pour l’essentiel à La Contemporaine, à Nanterre ;
– Don des 5 000 volumes de la bibliothèque de Maurice au CEDRATS, à Lyon ;
– Création d’un site Internet dédié ;
– Interventions de l’association lors des 60 ans du 17 Octobre 1961 et à l’occasion de plusieurs événements en lien avec les 80 ans de la rafle du Vél d’Hiv.
Plusieurs participantEs ont ensuite évoqué leurs rencontres avec Maurice, en particulier à Gérardmer et à Nancy dans les années 1990, et l’historien de l’anticolonialisme Fabrice Riceputi est intervenu pour établir un parallèle entre les trajectoires militantes et éditoriales de Maurice Rajsfus et de Jean-Luc Einaudi (par ailleurs très liés), en particulier sur l’aspect autodidacte de leur formation et leurs « ennuis » respectifs avec certains historiens détenteurs auto-proclamés du savoir universitaire.
Correspondant
1 – Maurice Rajsfus, une vie de lutte, quatre films par Clara Menais. À regarder à partir du site www.mauricerajsfus.org