Publié le Mercredi 1 juillet 2020 à 08h39.

Amnesty épingle le racisme de la police française.

Alors qu’une fresque « Contre le racisme et les violences policières » provoque l’indignation des syndicats de policiers et de leur hiérarchie, Amnesty International écrit, dans son rapport « Police et pandémie », paru le 24 juin : « Dans le cadre du contrôle du respect des mesures de confinement liées à la pandémie de Covid-19, la police a visé de manière disproportionnée les minorités ethniques et les groupes marginalisés dans toute l’Europe, par des violences, des contrôles d’identité discriminatoires, des mesures de mise en quarantaine forcée et des contraventions ». Ce rapport met en évidence l’exacerbation d’un racisme institutionnel et la concentration dans un espace-temps très particulier de cas de violences policières qui le mettent en œuvre sous couvert « d’urgence sanitaire ». Si 12 pays européens présentent des situations similaires, on peut noter que la France coche toutes les cases.

À propos des migrantEs, le rapport explique : « Non seulement les autorités françaises n’ont pas permis aux personnes en mouvement d’avoir accès à de l’eau potable, à des structures d’assainissement et à un logement approprié, mais elles ont également procédé à des dizaines d’expulsions forcées et empêché les défenseurEs des droits humains d’offrir une aide humanitaire aux migrantEs, réfugiéEs et demandeurs ou demandeuses d’asile. » Ce qui s’accompagne évidemment de contrôles au faciès, menaces, insultes, violences physiques attestées par des témoignages, ainsi que par des amendes pour les soutiens.

« L’application par la police des restrictions des déplacements dans le cadre de la pandémie de Covid-19 a renforcé les tendances déjà discriminatoires et illégales du maintien de l’ordre dans ces quartiers. En Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre de France métropolitaine, où la plupart des habitants sont originaires d’Afrique du Nord et de l’Ouest, le nombre d’amendes pour infraction au confinement était trois fois supérieur à celui du reste du pays ». Et pourtant, souligne le rapport, le confinement y était respecté comme ailleurs, malgré les problèmes de logement.

Enfin, « la police a infligé des amendes à des personnes d’origine nord-africaine, des personnes noires ou appartenant à d’autres groupes ethniques minoritaires sans procéder à aucun contrôle individuel en face-à-face pour constater l’infraction. »

Ce qui amène le rapport à conclure : « Il faut de toute urgence lutter contre la triple menace que représentent la discrimination, l’utilisation illégale de la force et l’impunité de la police. » Préconisation d’autant plus d’actualité que l’on découvrait quelques jours auparavant, lors de la publication du rapport annuel de l’IGPN, que dans « les infractions alléguées », les « injures à caractère raciste ou discriminatoire » ont disparu… suite à une décision du 20 mars 2020.