Des Arabes, des chibanis, des vies brisées encore debout pour l’ami Ali Ziri. Ils sont venus samedi 11 juin, de leur foyer d’Argenteuil jusque devant ce qu’ils appellent le ministère de l’Injustice. Deux ans après son arrestation par la police nationale. Deux ans après les coups portés sur cet homme menotté de 69 ans. Deux ans après que des policiers l’ont étouffé par la méthode de pliage en écrasant sa poitrine sur ses genoux, une manœuvre interdite depuis 2003. Deux ans après qu’un policier s’est essuyé le pied plein de vomissures sur son visage inanimé. Deux ans après que les proches découvrent son corps tuméfié de partout avec des hématomes de 17 cm. Deux ans après que le commissariat exige son passeport pour renvoyer le corps le plus rapidement possible, afin d’éviter toute expertise médicale.
Deux années de combat du collectif Vérité et justice et deux expertises médicales qui démontrent sans ambiguïté que les policiers sont à l’origine de sa mort1, mais voilà, le juge d’instruction décide de clore le dossier sans même auditionner les policiers impliqués. Des policiers qui patrouillent encore à Argenteuil, et une justice qui se prépare à classer cette affaire de meurtre.La même justice qui, le 10 juin, vient de classer sans suite la plainte déposée contre Guéant pour propos islamophobes, et qui le 9 juin voit le parquet réclamer la relaxe d’Hortefeux après ses propos racistes. Il faut préciser que le grand recteur de la mosquée de Paris Dalil Boubekeur lui a apporté son soutien et décerné un brevet d’antiracisme.
Qui peut douter encore qu’une fois de plus le centre des campagnes électorales pour 2012 à droite mais aussi à gauche se placera au cœur des quartiers populaires et visera les noirs, les Arabes, les musulmans, les Roms avec pour beaucoup la surenchère raciste et pour quelques autres le silence complice et approbateur ?
Il s’agit pour eux de masquer la question sociale. Oui, mais pas seulement, c’est aussi de distiller un racisme d’État par tous les pores de la société en s’appuyant sur des relents coloniaux, qui, en retour, légitiment toutes les discriminations et au passage justifie les guerres impérialistes.
Voilà pourquoi nous devons occuper pleinement et prioritairement ce terrain politique, comme avec le collectif D’ailleurs, nous sommes d’ici, et que nous continuerons à soutenir tous les collectifs contre les violences policières.
Ces collectifs Justice et vérité , un peu partout en France, qui eux aussi font de la visibilité un enjeu majeur. C’est l’objectif du collectif Vies volées qui se propose de regrouper toutes les familles victimes de violences policières.
Le prochain rassemblement se fera quatre ans après la mort de Lamine Dieng, lui aussi étouffé sous le poids de policiers qui l’immobilisaient, mains et pieds attachés. Des policiers toujours en fonction.
Omar SlaoutiRV samedi 18 juin à 14 heures au 58 rue des Amandiers à Paris (M° Père-Lachaise).1. « Les expertises anatomopathologiques permettent d’affirmer que l’inefficacité cardiaque constatée aux urgences du CH d’Argenteuil est secondaire à un trouble majeur du rythme cardiaque, lui-même secondaire à un épisode hypoxique en rapport avec les manœuvres d’immobilisation et les vomissements itératifs…le manque de discernement a conduit à des comportements qui n’étaient pas sans conséquence sur l’état de santé de M. Ziri. »