Publié le Mercredi 1 juillet 2020 à 12h41.

Justice et vérité pour Angelo Garand 

Plus de 150 manifestantEs étaient présentEs samedi 27 juin à Blois, à l’appel du collectif Justice pour Angelo, un Voyageur tué de cinq balles dans le torse le 30 mars 2017 non loin de là chez ses parents à Seur, par l’antenne GIGN de Tours.

Après la mise en examen des deux tireurs décidée en cours d’enquête par la magistrate instructrice, une ordonnance de non-lieu octroyée par une autre juge les avait disculpés au titre du régime général de la légitime défense (art. L122-5 du code pénal) ; décision confirmée en appel, mais cette fois en première application du récent article L435-1 de la sécurité intérieure sur l’ouverture du feu par les forces de l’ordre.

« Une exécution légale dans le pays des droits de l’homme »

Un non-lieu est une décision judiciaire rendue à huis clos pour dire qu’il n’y a pas lieu de renvoyer les mis en cause devant une juridiction de jugement, en l’occurrence la cour d’assises. Suite à la non-admission du pourvoi en cassation formé contre cette décision par les parties civiles de la famille, la Marche était appelée autour d’une revendication centrale : « Quand la force publique blesse ou tue, un procès public doit avoir lieu ».

Aurélie Garand, sœur de la victime, avec son collectif de soutien Justice pour Angelo, a mis en accusation cet article L435-1 offert comme un véritable permis de tuer aux gendarmes et policiers, à travers cette première application entrant dans la jurisprudence par la voie d’un non-lieu adoubé en cassation, qui autorise ainsi sans procès public « une exécution légale dans le pays des droits de l’homme ».

Au côté d’Aurélie qui porte le combat judiciaire familial et la mobilisation politique collective, étaient présentes d’autres sœurs de victimes, Ramata, Awa, Yamina, portant pour leurs frères la lutte de leurs familles, avec leurs collectifs Vérité et Justice pour Babacar, pour Lamine Dieng, pour Mehdi ; ainsi que des membres du collectif « Désarmons-les » et de l’Assemblée des blesséEs.
Les prises de parole ont eu lieu avant le départ puis au cours de la marche, secouant puissamment la torpeur blésoise. Elles ont rappelé qu’en France la police comme la gendarmerie tuent impunément, et que ces crimes sécuritaires et souvent racistes, couverts par l’institution judiciaire, sont constitutifs d’une violence d’État liée à une gouvernance inégalitaire, antisociale et autoritaire, pesant sur l’ensemble de la société.

À l’heure où les mobilisations secouent le monde, de Minneapolis à Blois en passant par Beaumont-sur-Oise, nous continuerons de prendre la rue et d’exiger en soutien aux concernéEs justice et vérité pour toutes les victimes des violences policières et du racisme d’État. Ainsi que le scande Aurélie Garand, « Quand on marche pour un, on marche pour tous ! »