Publié le Mardi 15 novembre 2022 à 21h00.

Migrant·E·s À bas l’Europe forteresse !

Les 234 personnes à bord de l’Ocean Viking ont vécu un calvaire de 21 jours avant de pouvoir débarquer dans le port de Toulon. Le temps que la gesticulation diplomatique permette à des gouvernements cyniques et coupables de satisfaire au mieux les intérêts de chacun d’entre eux.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 1 891 migrantEs ont disparu en mer depuis janvier 2022. Plusieurs enfants sont morts de faim et de déshydratation depuis un an. D’après SOS Méditerranée, chaque jour, chaque nuit, des bateaux dérivent. Les traversées sont de plus en plus longues et dangereuses, car il y a refus quasi systématique des États d’autoriser l’accostage. Un navire danois de la marine marchande a dû attendre un mois pour être autorisé à débarquer les 30 migrantEs qu’il avait sauvés. Des équipages ont été sanctionnés pour retard et délit de solidarité.

Politique raciste et criminelle

La politique migratoire de l’Union européenne est une politique de rejet. D’abord, tout faire pour que les réfugiéEs ne traversent pas la Méditerranée. S’ils y parviennent malgré tout, parqués en zone d’attente, ils et elles subiront un tri entre celles et ceux qui peuvent rester et celles et ceux qui sont refoulés. C’est au bras surarmé de la forteresse européenne qu’ils se heurtent, Frontex. Agence opaque dont la mission essentielle est de protéger les frontières extérieures de l’espace Schengen, d’empêcher toute immigration illégale, afin d’éviter un afflux comme en 2015. Une agence dotée d’un budget considérable (1,3 milliard en 2020 et 5,4 milliards prévus en 2027), d’agents permanents (5 000 en 2020, 10 000 en 2027), et d’un suréquipement policier et militaire de pointe.

La politique migratoire se résume, selon les mots des technocrates de l’UE, à une « gestion des flux migratoires par l’application de la relocalisation prévue par l’accord de Malte depuis 2019 sur la redistribution des demandeurs d’asile entre tous les membres de l’UE ». Les termes sont ceux de la production et du commerce des marchandises en régime capitaliste. Ils recouvrent une volonté et des actes de déshumanisation totale des personnes qui rappellent des pratiques glaçantes et fascisantes.

Beaucoup de bruit pour des politiques semblables

Dans ce contexte, l’arrivée de l’Ocean Viking n’a pas été traitée comme une crise humanitaire mais comme une crise diplomatique entre l’Italie et la France. Meloni a rappelé que l’Italie a déjà accueilli 150 000 personnes entre 2013 et 2014 et remet en cause les politiques européennes en matière de « relocalisation des migrants ». Elle a réaffirmé sa politique nationaliste et xénophobe : « Les citoyens nous ont demandé de défendre les frontières italiennes, ce gouvernement ne les trahira pas ».

Macron, lorsque Salvini interdisait à l’Aquarius d’accoster en Italie, avait refusé l’hospitalité cyniquement : « L’humanisme n’est pas le bon sentiment ». Le bateau avait alors accosté en Espagne. Aujourd’hui, le contexte politique a changé. Darmanin peut fustiger médiatiquement le « choix incompréhensible » de l’Italie « de ne pas se comporter comme un État européen responsable ». Et de profiter de ce drame pour refuser de recevoir les 3 500 migrantEs que la France devait accueillir, renforcer les contrôles aux frontières et annoncer des représailles futures. Ce qui conforte l’électorat de Meloni et permet ici l’avancée des idées nauséabondes de nationalisme et de racisme…

Solidarité !

Les migrantEs ne peuvent compter que sur elles-mêmes et eux-mêmes et sur notre solidarité. Nous refuserons toujours les calculs sordides, les violences, nous exigeons l’ouverture des frontières et le démantèlement de Frontex. Avec ce budget, l’UE peut recevoir dans le respect et la dignité toutes celles et ceux qui demandent l’accueil. Plus que jamais nous réaffirmons notre combat pour la liberté de circulation et d’installation, le droit d’aller et venir sur cette planète, droit que seuls les riches possèdent. Le monde que nous voulons s’appelle solidarité et égalité.

Dans le cadre de la Marche des Solidarités, nous ferons du 18 décembre, journée internationale des migrantEs, une bataille décisive contre Darmanin et son monde.