Retour sur une semaine de rencontres, de projections, de débats, de manifestations…
ImpliquéEs dans le collectif 20e Solidaire avec touTEs les migrantEs, soutiens au collectif des sans--papiers et aux luttes des résidentEs des foyers du 20e, nous faisions en juillet le constat que nous n’avions pas réussi à entraîner de larges secteurs du mouvement social dans la mobilisation contre la loi asile-immigration. Face aux conséquences prévisibles et dramatiques de cette loi, au développement des discours racistes et des agissements des fascistes, aux violences policières dans nos quartiers et à la casse organisée de la solidarité dans les foyers, nous avons décidé d’organiser une semaine antiraciste dans notre quartier. Parce que nos forces étaient limitées, il nous fallait absolument trouver d’autres personnes susceptibles de rejoindre ces luttes. Cet événement avait donc d’abord pour but d’inciter les habitantEs et les salariéEs à venir nous rencontrer, à échanger, et à s’organiser.
Initiatives multiples
Cette semaine, nous l’avons d’abord pensée en collaboration avec les collectifs avec lesquels nous militons depuis des mois, à l’échelle de l’arrondissement et du cadre de la Marche des Solidarités : CSP 20e (Collectif des sans-papiers), COPAF (Collectif pour l’avenir des foyers), Vies colées (collectif dont fait partie Ramata Dieng, sœur de Lamine Dieng, un jeune du quartier tué en 2007 dans un fourgon de police). Nous l’avons envisagée également comme un événement ouvert à tous les réseaux qui avaient l’envie de s’impliquer pour donner de la visibilité à ces sujets, selon des modalités simples : chaque groupe est libre d’organiser l’événement qui lui paraît le plus approprié. C’est ainsi par exemple que le MFC (Ménilmontant football club, club de foot antifasciste) a organisé un tournoi de football solidaire, ou qu’un bar du quartier a proposé une projection/débat sur Octobre 1961.
La semaine antiraciste vient de s’achever. Tous les soirs, les salles étaient remplies (entre 50 et 90 personnes), pour des projections-débats sur des sujets aussi divers qu’Octobre 1961, l’accueil des migrantEs et la nécessité de déconstruire les préjugés, une rencontre sur le difficile accès aux soins des migrantEs – organisée par le CSP20 avec un sociologue, des syndicalistes et un médecin militant, la projection du film Dire à Lamine du collectif Cases rebelles en présence de Ramata Dieng et Assa Traoré, un débat sur les luttes dans les foyers de travailleurs immigrés des années 1970 à aujourd’hui, qui s’est tenu dans l’un des nombreux foyers du 20e.
Des projets pour la suite
Samedi, le CSP20 avait proposé d’organiser une déambulation dans les rues passantes du quartier pour se faire connaître des habitantEs, et une fête le soir. Malgré le froid, environ 150 personnes y ont participé, réchauffés par l’animation conjointe du collectif et d’une fanfare, permettant la visibilité et la diffusion d’environ 3 000 argumentaires aux passantEs. Dimanche, le tournoi de foot solidaire a réuni une dizaine de collectifs du quartier.
Nous avons aujourd’hui de nombreuses questions sur la meilleure façon de développer un mouvement antiraciste à partir de ce potentiel, et d’ores et déjà de nombreux projets pour la suite : une rencontre entre tous les résidents des foyers du quartier, des déambulations régulières, un calendrier de manifestations issu de la dernière assemblée de la Marche des Solidarités (notamment le 18 décembre et le 16 mars). Bref, le type d’initiatives dont on sort épuiséEs, mais hyper motivéEs !
Vanina Giudicelli