Publié le Jeudi 24 novembre 2016 à 09h10.

COP22 : L’indispensable transition énergétique devra attendre !

Après l’entrée en vigueur le 4 novembre dernier de l’accord « historique » de Paris, les dirigeants, réunis à Marrakech pour la 22e Conférence sur le climat, devaient s’atteler aux aspects techniques, pour maintenir la hausse de la température sous les 2°C d’ici 2100...

«Les États sont arrivés les mains vides », constate Célia Gautier du Réseau action climat France... Les engagements chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) des États (INDC), conduisent à un réchauffement supérieur à 3°C... mais il faudra attendre pour avoir une révision à la hausse. Et pour l’aide de 100 milliards de dollars par an aux pays en développement à partir de 2020, il faudra aussi attendre. Un engagement pris en 2009 !

Actuellement, l’aide publique s’élève à 67 milliards d’euros, dont seulement 16 % sont consacrés aux projets d’adaptation aux impacts du changement climatique (chiffres de l’OCDE). Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) évalue les besoins pour l’adaptation entre 140 et 300 milliards annuels d’ici à 2030. « Les pays en développement ont besoin de garanties sur le financement avant d’aller plus loin dans les négociations, alors que les pays développés refusent de mettre de l’argent sur la table tant que les pays émergents comme la Chine n’auront pas donné de garanties de transparence », analyse Célia Gautier.

Enfin, les discussions sur l’agriculture, point important de la COP22, ont également échoué. La discussion a été reportée à l’an prochain... Attendre, encore attendre.

Les capitalistes, eux, n’attendent pas !

En marge de négociations atones, les capitalistes et les multinationales sont à la manœuvre, à l’affût des initiatives « public-privé » impliquant les territoires (villes, régions…). Si la rentabilité à court terme des investissements les pousse encore à privilégier les énergies fossiles disponibles et à convoiter les réserves – alors qu’il faudrait impérativement en sortir –, ils ont bien compris que la nécessaire transition vers les énergies renouvelables pouvait aussi être une source de profits futurs.

Ainsi on les retrouve dans un tas de projets. Les géants de l’agro-industrie comme Avril, Danone ou Veolia soutiennent « l’initiative triple A » (adaptation de l’agriculture africaine) du ministre de l’Agriculture du Maroc. Or, les règles encadrant ce type d’initiatives n’ont pas encore été négociées, alerte toujours Célia Gautier, alors qu’« il faut les financer, prévoir des garde-fous pour éviter les fausses solutions, comme les OGM, le nucléaire ou l’accaparement des terres pour préserver des puits de carbone ».

Notre camarade Daniel Tanuro ­explique que les capitalistes ne s’agitent pas en secret, dans une vision complotiste : « nous sommes dans un scénario – complètement antidémocratique – de co-construction par les multinationales et leurs serviteurs politiques d’une politique globale sur le dos des 99 % et de leur environnement ». Pour lui, les pouvoirs publics vont « amorcer la pompe des investissements et supporter les pertes financières dans un premier temps, après quoi les banques et fonds de pension ramasseront les bénéfices »...

Dans ce contexte, les climato-sceptiques, avec Trump et sa clique en tête de pont, vont perdre leur influence. Mais la transition écologique qui s’amorce n’est pas la nôtre : le combat reste plus que jamais nécessaire pour lutter contre le basculement climatique déjà engagé et créer les conditions d’un autre monde.

Commission nationale écologie