La Grèce est l’un des pires exemples européens en matière de politique de l’environnement. Les dommages les plus connus sont les feux, mais la politique industrielle et énergétique récente, en particulier avec Mitsotakis Premier ministre, est une catastrophe, aussi sur le plan démocratique.
Les immenses incendies annuels ne donnent lieu qu’à peu de programmes préventifs. Au contraire, la droite a refusé de prolonger les contrats de 5 000 pompiers vacataires. Comme si les mois d’hiver n’étaient pas utiles pour former à l’étude et à la lutte contre les mégafeux, alors que cet été les flammes ont atteint la proche banlieue athénienne. Même chose pour les inondations : alors qu’en 2023, la région de Thessalie a été ravagée, avec 17 morts et des conséquences durables frappant cette région agricole, le gouvernement se contente de rendre responsable le changement climatique, sans réflexion d’ensemble ou mesures d’urgence.
Industries polluantes sans filtre
Dans le domaine industriel, tout est fait pour imposer de dangereuses installations d’extraction. L’exemple le plus connu est celui des mines d’or de Skouriès, dans le nord, où malgré la résistance de la population, la société Ellinikos Chryssos peut continuer ses activités, après de violentes répressions passées, la manipulation des mineurs par la direction et un procès récent contre un site d’information. Aujourd’hui, c’est au nord de l’île de Chios que le gouvernement tente d’imposer un projet de mine d’antimoine, matière très dangereuse pour la santé et dont la poussière risque de couvrir toute l’île avec les fréquents vents du Nord.
Voltaïque et éoliennes, miroir aux alouettes
En Grèce, partout sont implantés parcs voltaïques et éoliennes. Cela correspond à un projet dont l’objectif prétendu est « que l’électricité verte atteigne 80 % de la production totale », au lieu des actuels 30 % 1. Mais derrière cet objectif vertueux, c’est un catastrophique projet capitaliste que Mitsotakis veut imposer : « Nous espérons qu’à moyen terme, la Grèce deviendra un exportateur d’énergie verte. » On est en plein dans cette offensive, avec désormais pour le voltaïque, des projets de parcs flottants, comme dans le golfe Ambracique, classé parc national et Natura 2000 : face au projet, les pêcheurs s’allient aux organisations écolos et aux scientifiques pour organiser la résistance.
Organiser la résistance
La résistance est bien plus étendue pour s’opposer aux éoliennes : sans exagération, on peut dire que toutes les montagnes sont menacées (70 éoliennes de 200 mètres sont prévues sur les montagnes de l’est du Péloponnèse), il suffit de suivre la route de Thèbes à Delphes pour constater le gâchis. Car il y a bien sûr la question esthétique, qui mérite débat, mais qui est évidente pour un pays qui pourrait développer une forme de « tourisme doux » peu compatible avec ces parcs géants. Ces implantations ont surtout des effets immédiats sur la faune — dans des régions d’élevage ainsi menacé — et la flore, avec des routes taillées dans les montagnes jusqu’ aux sommets, ce qui, contrairement à ce qu’affirme le ministère de l’environnement… et de l’énergie (YPEN), accentue les risques d’éboulements, d’incendies. Idem pour les projets de parcs en mer, comme cela est prévu à Samothrace : les efforts pour protéger une nécessaire « pêche durable » seraient ruinés par la réalisation de tels projets. Face à cela, les habitantEs sont d’autant plus décidéEs à organiser leur refus qu’ils et elles ne sont en général pas consultés et qu’ils et elles ont conscience que ces projets ne sont faits que pour les sociétés d’énergie et leurs plans d’exportation. Dans divers endroits, des coordinations existent, et les initiatives de résistance sont nombreuses. Il serait peut-être temps de préparer une nouvelle initiative nationale, comme en décembre 2023.
A. Sartzekis, Athènes, le 26 janvier 2025
- 1. Le Monde, 29 janvier 2024.