Publié le Mercredi 29 mars 2017 à 09h02.

Le capitalisme, c’est la fraude !

«Qui est le plus grand criminel : celui qui vole une banque ou celui qui en fonde une ? », interrogeait l’auteur de théâtre Bertolt Brecht. Très bonne question...

En début d’année 2017, l’ONG Oxfam avait révélé que 8 personnes détiennent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Un système économique construit pour profiter aux plus riches, est à l’origine de ces inégalités. Les grandes banques sont un élément clef des stratégies qui permettent aux plus riches et aux multinationales d’échapper à l’impôt. Elles utilisent largement les paradis fiscaux, comme l’ont révélé des scandales récents tels que les Panama Papers.

Oxfam vient de publier une nouvelle étude sur le rôle tenu par les paradis fiscaux dans les activités des 20 plus grandes banques européennes, parmi lesquelles BNP Paribas, Deutsche Bank, HSBC, Société Générale, etc. Le constat est clair : 1 euro sur 4 de leurs bénéfices est enregistré dans un paradis fiscal, soit un total de 25 milliards d’euros pour la seule année 2015. Ces banques déclarent un quart de leurs bénéfices dans les paradis fiscaux... mais seulement 7 % de leurs employés... Et sur ces bénéfices, elles ne payent des impôts qu’à un taux très réduit, voire pas du tout.

Les banques se vantent d’avoir des activités utiles à l’économie. Oui, quelques-unes... mais ce ne sont pas les plus rentables. Elles sont gangrenées pour la plupart par leurs activités spéculatives ou leur rôle dans l’évasion fiscale. Les banques européennes réussissent ainsi l’exploit de réaliser 628 millions d’euros de bénéfices dans des paradis fiscaux où elles n’emploient personne. Aux Îles Caïman (territoire de la mer des Caraïbes dépendant du Royaume-Uni), la BNP réalise 134 millions de bénéfices, le tout sans employé et sans payer d’impôts. Quel rôle économique utile peut-elle alors y jouer ?

Des milliards s’évaporent ainsi. En France, la perte due à l’évasion fiscale des entreprises et des particuliers est estimée entre 60 et 80 milliards d’euros, soit plus que le budget de l’Éducation nationale. Décidément, capitalisme et fraude sont intrinsèquement liés, et le système bancaire joue un rôle décisif dans ces circuits opaques. Exproprier les banquiers, socialiser les banques sous le contrôle des salariéEs et de la population, les mettre au service d’une planification sociale et écologique, c’est une nécessité incontournable. Et c’est un élément central du programme de Philippe Poutou.

Arthur Macheath