Publié le Vendredi 21 mai 2021 à 13h00.

Pour l’abandon du projet Cigéo et la relaxe des inculpéEs à Bure !

Du 1er au 3 juin se tiendra à Bar-le-Duc le procès des opposantEs au projet Cigéo à Bure (Meuse). Un collectif d’associations et de personnalités se déclare publiquement solidaire des sept prévenuEs pour « association de malfaiteurs »1.

Le projet Cigéo de l’Agence nationale des déchets radioactifs (ANDRA) vise à enfouir à 500 mètres sous terre les 1 % des déchets nucléaires concentrant 99 % de la radioactivité, chauds et dangereux, pendant plus de 100 000 ans. L’État a militarisé la zone. Sa « cellule Bure » a dépensé un million d’euros pour harceler et surveiller les opposantEs, assimiléEs à des terroristes : « 20 domiciles perquisitionnés, 10 militants et militantes interdits de se voir pendant deux ans et demi, 100 téléphones placés sous écoute, 16 années cumulées de communications enregistrées, des balises posées sous des voitures, un escadron de gendarmes mobiles harcelant les habitants et habitantes au quotidien… Cette scandaleuse traque d’État a tenté de paralyser ce mouvement de lutte vieux de 30 ans contre le plus gros projet industriel européen, dont les risques sont connus. »2

Ce sera le procès de Cigéo

L’État a menti : Cigéo n’est pas un « laboratoire », mais 300 km de galeries souterraines sur 12 km2 : 1 500 tunnels de 100 m de long pour stocker 60 000 fûts de déchets à « haute activité » et 50 cavités de 9 m de diamètre pour 170 000 colis de déchets de « moyenne activité à vie longue ». En surface, un terminal ferroviaire (100 convois annuels de 10 wagons entre l’an 2040 et 2160) desservi par deux rampes d’accès de 5 km et quatre puits verticaux. Les tunnels seraient rebouchés par des bouchons d’argile, dont on attend des résultats d’essais prouvant leur efficacité… L’arnaque consiste à faire croire que la barrière géologique (argilite) assure le confinement des déchets pendant 100 000 ans. Mais, comme dans une bouteille, le maillon faible de l’étanchéité c’est le bouchon, pas le verre !

Fébrile face aux incertitudes techniques, l’État ment aussi sur la prétendue « récupérabilité » des déchets pendant 300 ans. Sur 100 000 ans, rien n’est garanti : durabilité des matériaux (acier, béton…), risques d’instabilité (un mort par effondrement en 2016), d’inondation, d’incendie, d’explosion par dégagement d’hydrogène (5 000 m3/an = 10 tonnes de TNT)… La coexistence des zones chantier/nucléaire impose de restructurer en permanence des compartiments étanches pour l’incendie, la ventilation, les radiations… Les coûts estimés s’envolent : 16,5 milliards d’euros en 2005, 25 en 2011, 43,6 en 2017… sans doute au-delà des 100 milliards, au profit des groupes du BTP (Bouygues, Vinci, Eiffage …).

Ce sera aussi le procès de la société nucléaire

Au chevet d’une filière mortifère sous perfusion, Macron a relancé en décembre le programme nucléaire, aggravant la dette écologique du capitalisme. Objectif : 6 réacteurs EPR, en plus de l’EPR-Flamanville, un fiasco total. Cigéo, poubelle des déchets radioactifs, est « un des laboratoires de la généralisation de l’autoritarisme en France – depuis les quartiers populaires jusqu’aux luttes écologistes en passant par les gilets jaunes. Le 1er juin sera le procès de l’autoritarisme et du dispositif pénal de "l’association de malfaiteurs", hérité des lois scélérates et de l’antiterrorisme qui dote les autorités de moyens de surveillance colossaux pour paralyser toute forme d’organisation collective. »3 Ce déni total de démocratie verrouille le débat sur l’indispensable révolution énergétique, avec les salariéEs du nucléaire. Stopper la fuite en avant des apprentis sorciers qui nous gouvernent est la seule voie responsable.

  • 1. Tribune « Nous sommes toutes et tous des malfaiteurs ».
  • 2. Idem.
  • 3. Ibid.