Le changement de nom (TotalEnergies) et les investissements dans « l’électricité verte » ne changent rien : Total reste à fond sur les hydrocarbures. Implantée dans 130 pays, l’entreprise veut augmenter sa production de 15 % d’ici à 2030, en multipliant les projets grandioses et destructeurs de l’environnement, incompatibles avec l’objectif de limiter la hausse des températures à 1,5 °C.
Sa stratégie étant contestée de l’intérieur, la direction a dû ruser à l’AG du groupe, le 25 mai, pour que deux résolutions alternatives portées, l’une par 2 groupes d’investisseurs, l’autre par 11 actionnaires, ne soient pas votées. Attaqué par les ONG et lâché par des investisseurs, Total poursuit sa stratégie fossile. Rapide tour du monde... (Merci au site Reporterre pour le travail d’enquête).
En Ouganda et en Tanzanie
Total a signé trois accords pour un chantier de 10 milliards de dollars : plus de 400 puits de pétrole exploités pendant 25-30 ans dont un tiers en zone naturelle protégée, 1 445 km d’oléoduc chauffé à 50 °C pour exporter le pétrole.
Juliette Renaud, des Amis de la Terre, rappelle : « Ils provoquent des déplacements massifs de population en Ouganda et en Tanzanie ». Quatre ONG ougandaises et deux ONG françaises tentent de « faire cesser les violations des droits humains » et « empêcher un désastre environnemental et climatique ».
Dans l’Arctique
En dépit des sanctions contre la Russie, Total continue d’y exploiter le gaz via des participations capitalistiques dans la firme russe Novatek sur le site gazier de Yamal LNG dans le Grand Nord russe, où sont extraites chaque année 16,5 millions de tonnes de GNL, et le champ gazier de Termokarstovoye.
Tant pis pour le peuple ukrainien et tant pis si l’exploitation croissante de ces ressources, facilitée par la fonte de la banquise, contribue à la hausse des températures !
Argentine, Birmanie, Yémen, Mozambique…
En Argentine, l’exploitation de gaz et huile de schiste explose. Total comme toutes les firmes pétrolières, opère sans contrôle (Lionel Mingo de Greenpeace), pollue les écosystèmes de la Patagonie avec les résidus de l’extraction, pollue les nappes phréatiques, menace les communautés mapuche qui ne peuvent plus vivre de l’élevage, multiplie les accidents de travail.
En Birmanie, Total, soutien au régime militaire, exploite les champs de gaz en mer qui assurent la moitié de la consommation du pays, recourant même au travail forcé. Total n’a pas stoppé ses activités après le coup d’État militaire de 2021, malgré la répression mortelle contre les opposantEs. Les sanctions prises par l’UE contre des généraux birmans n’ont pas empêché Pouyanné l’humaniste, PDG du groupe, de déclarer que Total restera dans le pays pour éviter de priver de courant et de travail les BirmanEs.
Au Yémen, Total est actionnaire à 39,6 % d’un complexe gazier depuis 2009, à l’arrêt en 2015 pour cause de guerre. Total a acheminé à partir de 2017 du gaz de façon réduite mais constante. D’après Amnesty International, une prison est installée sur le site. « Des traitements inhumains et dégradants (privation de soins, tortures) [y ont été] commis par des soldats émiratis », dénoncent les Amis de la Terre et SumOfUS.
Au Mozambique1, un projet de 20 milliards de dollars prévoit de pomper du gaz dans l’océan Indien, de l’acheminer par un gazoduc sous-marin pour le liquéfier à terre. Projet suspendu à cause des attaques répétées de djihadistes liés à l’État islamique. Mais pas abandonné…
Il est temps d’empêcher TotalEnergies de nuire ! Encore bravo aux activistes de Greenpeace, Alternatiba, les Amis de la Terre… qui ont bloqué l’assemblée générale des actionnaires le 25 mai !
- 1. Lire également page 5.