La suppression de l’écotaxe a fait hurler ceux qui n’ont à proposer qu’un arsenal répressif censé limiter les effets destructeurs du système capitaliste...
Pour eux, il faut taxer le transport, principal contributeur de gaz à effets de serre, et investir le fruit de cette taxation dans « des grandes autoroutes maritimes, fluviales et ferroviaires dont nous avons besoin pour se connecter aux réseaux économiques européens » (EÉLV). Mais, dans une société dominée par la liberté d’entreprendre et de produire n’importe quoi, où seuls comptent les superprofits, une écotaxe ne pourra rien contre l’augmentation continuelle des marchandises transportées.
Des taxes inefficacesAvec une taxe carbone, les grosses sociétés de transports supprimeront les petites et continueront à faire rouler leurs 48 tonnes. En Suisse où l’écotaxe existe depuis 13 ans, 2/3 des recettes sont affectées au rail. Résultat : deux fois plus de voies ferroviaires construites à travers les Alpes et percements de deux nouveaux tunnels (Saint-Gothard et Simplon) pour acheminer des marchandises. Celles-ci sont passées de 30 à 60 millions de tonnes, donc plus de camions pour les acheminer. Le ferroutage, les autoroutes ferroviaires et les TGV-fret sont en réalité le moyen de contourner les nœuds routiers (montagne, mer, Paris, Lyon) et non de réduire l’impact des poids lourds sur l’environnement (voir l’Anticapitaliste n° 210).L’écotaxe ne servira pas non plus à relocaliser les activités agricoles. Ainsi, l’abattage des porcs étant moins cher en Allemagne (pas de salaire minimum, exploitation des travailleurs roumains, salaires à moins de 4 euros de l’heure), les élevages s’en rapprochent. La taxe ne fera qu’accélérer la disparition des petits paysans, transporteurs et commerces. Et comme la TVA, elle sera payée par les consommateurs.En ce qui concerne la taxation du carbone, l’Agence internationale de l’énergie a estimé que pour baisser de 50 % les émissions de CO2 d’ici 2050, ce qui est insuffisant, il faudrait faire payer la tonne de CO2 600 dollars. Quand on sait que 1 000 litres de gas-oil, c’est 2,7 tonnes de CO2, on imagine le montant de la taxe... Irréaliste !
Bricolage ou remise en cause du système ?De quoi avons-nous besoin, et comment le produire ? Poser ces questions est vital, sinon l’objectif de lutte contre le réchauffement climatique ne peut être atteint.Il faut réduire drastiquement l’utilisation des déplacements motorisés de personnes et de marchandises qui génèrent 27 % des émissions de CO2. Des mesures transitoires sont possibles.Pour les personnes, il faut un développement des transports en commun publics, donc la gratuité. En décidant d’augmenter le nombre d’autocars sur les routes au détriment du train, le gouvernement cède au patronat routier, au détriment des salariéEs et de l’environnement. Et dans le même temps, Ségolène Royal promeut la voiture électrique !Les études sont formelles : pour inciter les usagers à prendre les transports en commun, et donc diminuer l’impact de la voiture individuelle, la gratuité est nécessaire. Mais là, étrangement, les partisans des « taxes écologiques », tel EÉLV, sont contre.Pour les marchandises, il faut transporter moins et donner la priorité au ferroviaire. Les destructions environnementales résultant du transport de marchandises sont énormes : destruction du foncier, des forêts, des zones agricoles, des écosystèmes. Au niveau européen, la Politique agricole commune (PAC), qui favorise les cultures intensives destinées à l’exportation, contribue largement à ce désastre écologique mondial.Nous soutenons les revendications des salariéEs : l’amélioration des salaires et des conditions de travail et de vie pour tous les routierEs au niveau européen et un statut international pour les marins, ainsi que les luttes des cheminotEs et des salariéEs de l’aviation et des ports contre toutes les attaques de leurs statuts et du service public. Nous exigeons l’arrêt des grands travaux inutiles et la réorientation des investissements, l’interdiction de transporter les fruits et légumes pouvant être produits localement, ainsi que l’interdiction de transporter des produits non réparables.
Commission nationale écologie