Nous sommes face à une catastrophe sanitaire. Alors qu’en 1979, nous en étions à 4 % du parc auto équipé de moteurs diesel, nous en sommes aujourd’hui à 60 % et près de 80 % pour les voitures les plus récentes...
L’hégémonie de cette technologie s’est réalisée progressivement à partir des années 80... C’est qu’il fallait sauver la toute récente holding PSA (Peugeot-Citroën) qui a décidé d’être la championne du diesel. Renault n’a pas voulu être distancé… L’État a totalement accompagné le mouvement, rythmé par la mystification publicitaire : « le diesel, c’est écolo » !En fait, le diesel est extrêmement polluant. Si, par km parcouru, la voiture diesel émet moins de CO2, c’est la moindre consommation de ce moteur qui l’explique. Mais un litre de gas-oil consommé émet plus de CO2 qu’un litre d’essence ! C’est là le moindre des mensonges : c’est que le CO2 n’est pas le seul résidu de la combustion du diesel. Ce moteur, même équipé de filtre à particules (FAP), émet 15 à 20 fois plus de microparticules et d’oxydes d’azote que la voiture essence. Les microparticules émises (0,0025 mm) pénètrent très loin dans le système respiratoire. L’autre poison émis particulièrement dangereux est le dioxyde d’azote (NO2). Ces émissions sont responsables de dizaines de milliers de décès prématurés.Dans l’urgence de la sortie du diesel, il est un préalable absolu à poser : les travailleurEs de l’automobile, par exemple les 37 000 de PSA Trémery en Moselle, site spécialisé dans le diesel, n’ont pas à faire les frais du changement de cap. Grâce à leur expertise acquise, les collectifs de travail doivent au contraire devenir demain les acteurs centraux de la transition énergétique. Le pire est pourtant à craindre quand on voit la casse récente de PSA Aulnay.Il nous faudra donc imposer la maîtrise publique du secteur auto, l’interdiction des licenciements et la continuité des droits devront être mis au centre de la bataille. Le climat social doit se réchauffer ! Et très sérieusement !
Un véhicule propre ?Les voitures diesel, même équipées de filtres à particules, ne méritent donc pas leur pastille verte. De même, la prime destinée à favoriser l’achat d’une voiture électrique tend à faire passer celle-ci pour le véhicule propre de l’avenir. Certes, elle ne libère pas de CO2 quand elle roule, mais elle en génère lors de sa fabrication, de sa destruction. Ses batteries sont au lithium – très polluant – et l’électricité qu’elle utilise provient surtout de centrales nucléaires (75 %) et, dans une moindre mesure, de centrales thermiques. Ainsi, son bilan carbone ne commence à être meilleur que celui d’une voiture à essence qu’à partir de 50 000 km... Autre aberration, elle doit rester branchée à l’arrêt, donc consommer du courant !Une politique respectueuse de l’environnement s’efforcerait de favoriser des véhicules qui de leur fabrication jusqu’à leur totale destruction – et non pas seulement quand ils roulent – génèrent au total le moins de pollution et de risques pour le climat et l’environnement. Mais surtout, et en priorité, il s’agit de mettre fin au tout-voiture en permettant de se déplacer facilement, avec une production de CO2 limitée. Pour cela, il est urgent de développer les transports doux, collectifs, gratuits, fréquents, de grande amplitude horaire, de bonne qualité environnementale. L’aménagement territorial devrait aussi avoir cet objectif. Ce ne sont manifestement pas les choix de ce gouvernement.
Commission nationale écologie